Enfin, un concurrent pour le fixe ! Mais qui sera-t-il ?
Ce
ne sera pas en 2009, comme annoncé précédemment, mais probablement bien
avant ! C’est un conseil ministériel présidé par le Chef de l’Etat qui l’a
décidé et on ne pourra donc plus dire le contraire. Il y aura bientôt un
deuxième opérateur de téléphonie fixe en Tunisie. Un opérateur privé qui va
booster certainement le marché et créer une dynamique et une concurrence sur
ce segment particulier où Tunisie Télécom a joué seul durant des décennies.
Nous ne jetons pas
de pierres à notre opérateur historique, loin de nous cette idée, car ce
monopole a permis de connecter quelque 1,2 million d’abonnés et d’offrir à
la Tunisie un réseau fixe couvrant l’ensemble du territoire ou presque. Un
réseau que certains de nos voisins nous envient puisqu’ils n’en ont pas le
dixième !
Il n’en demeure pas
moins que la position monopolistique a aussi ses inconvénients. Nombreux en
effet sont les quartiers qui attendent
encore et depuis des mois une ligne fixe. Et il ne s’agit pas de quartiers
éloignés et reculés, mais à Tunis, dans des lotissements où les terrains
sont vendus à des dizaines de dinars le m². Nombreux sont les abonnés qui
souffrent au quotidien de la lenteur de leur connexion Internet (RTC ou ADSL),
ou du dérangement de leur ligne téléphonique. Tunisie Télécom fait tout pour
satisfaire les clients, et nous le croyons, mais que voulez-vous, c’est
ainsi que fonctionne le monde : vous êtes nettement plus productif lorsque
vous avez un concurrent qui vous pique des parts de marché.
Alors l’arrivée de
ce concurrent dans le fixe ne peut être que saluée par nous autres
consommateurs. Cela dit, quelques points d’interrogation s’imposent : cet
opérateur va-t-il construire son propre réseau ou exploiter le réseau de Tunisie Télécom ? Ce
réseau appartient-elle
à l’Etat (c’est-à-dire à nous tous) ou appartient-elle à Tunisie Télécom ? Comment cet opérateur va passer à
l’international et comment va-t-il nous servir Internet et aura-t-il la
fibre optique dans son réseau ? Est-ce à travers des équipements de TT ou
des équipements de l’Etat ou encore va-t-il implanter les siens ?
Ce sont des
questions qui auraient dû être soulevées avant même la privatisation
partielle de Tunisie Télécom. Et c’est un peu notre tort (à nous autres
journalistes observateurs spécialisés de ce secteur) de ne pas les avoir
posées à temps. A l’époque, nous étions (on nous a) subjugués par le montant
faramineux de la transaction et nous avons zappé certains aspects. Mais
comme dit le proverbe, mieux vaut tard que jamais, nous les posons
aujourd’hui tout en espérant obtenir davantage d’informations de la part des
autorités de tutelle à ce propos et à propos du contenu des cahiers des
charges que l’on prépare. Car, il s’agit de deniers publics et il est tout à
fait normal que l’on fasse ce type de demandes (nous ne dirons pas
exigences).
Sur un autre plan, à
propos de la nationalité de l’opérateur fixe à venir. Une interrogation
s’impose : faut-il agir comme nous avons agi précédemment en publiant un
appel à candidatures et en octroyant le marché au plus offrant ou bien
chercher un investisseur capable de nous offrir la valeur ajoutée dont nous
avons réellement besoin ?
Expliquons-nous : que l’opérateur
qui remportera le
marché s’appelle Tecom, Qtel, Wataniya, Vivendi, Orange ou Telefonica, il
n’aura qu’un seul but : rentabiliser son investissement initial. Ils vont demander à transférer en
devises leurs bénéfices et c’est tout à fait légitime. C’est leur plein
droit et nul n’a le droit de contester cela. Mais demain ? Comment va-t-on
procéder avec Tecom, Wataniya Qtel et Orascom et d’autres investisseurs
étrangers ayant des marchés locaux qui vont demander à transférer leurs
bénéfices ? Ne vaut-il pas mieux, donc, permettre à des opérateurs locaux de
gagner la licence de téléphonie fixe et, demain, celle de troisième licence
mobile ? Un opérateur local ne paiera pas sa
licence en devises, c’est certain et, à court terme, c’est un manque à
gagner en euros ou en dollars pour l’Etat. Mais cet opérateur local
ne demandera certainement pas demain à transférer ses dividendes à
l’étranger, ne fera certainement pas appel à des masses de cadres payés en
devises pour gérer sa boite, il ne fera pas fonctionner d’autres parmi ses
filiales pour faire transférer ses devises autrement, il emploiera essentiellement
des compétences locales et réinvestira l’ensemble de ses bénéfices dans
l’économie locale. Et même s’il ne réinvestit pas, il gardera son
argent dans nos banques. Des opérateurs capables de gagner, de payer et de
faire marché un opérateur fixe tunisien existent et il serait bon qu’ils
soient prioritaires.