[08/05/2007 08:36:14] WASHINGTON (AFP) Le scandale au sujet du président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, accusé de népotisme, a fait une première victime lundi avec la démission de Kevin Kellems, l’un de ses plus proches conseillers. “Etant donné la situation dans laquelle évolue actuellement la direction (…), il est très difficile de contribuer à faire progresser efficacement la mission de l’institution”, a expliqué M. Kellems dans une déclaration lue à l’AFP. Ancien journaliste, Kevin Kellems avait été nommé par M. Wolfowitz dès que l’ancien numéro deux du Pentagone était arrivé à la tête de l’institution multilatérale, en juin 2005. Les deux hommes avaient travaillé ensemble au ministère américain de la Défense où M. Kellems était entré en août 2001, avant de devenir le porte-parole du vice-président Dick Cheney à la Maison Blanche. A la Banque mondiale, M. Kellems était responsable de l’image du président, englué depuis un mois dans une affaire de favoritisme qui menace de lui coûter sa place. L’une de ses déclarations figure au centre de la polémique en cours, qui porte sur l’avancement de la compagne de M. Wolfowitz, Shaha Riza, également employée de l’institution. Interrogé par la presse, M. Kellems avait assuré que les augmentations de salaires octroyées à Mme Riza sur ordre de M. Wolfowitz – portant son salaire à près de 200.000 dollars par an – avaient reçu l’assentiment du conseil d’administration.
Or les administrateurs ont affirmé qu’ils n’étaient pas informés de cette promotion et qu’ils ne l’avaient pas approuvée. Ils ont ensuite chargé un comité d’éthique d’établir si oui ou non M. Wolfwotiz avait violé les règles de la Banque en y consentant. Lundi, le New York Times a affirmé que ce comité, constitué de sept des 24 membres du comité d’administration, avait formellement notifié à Paul Wolfowitz qu’il l’estimait coupable de conflit d’intérêt. Les conclusions du comité n’ont pas encore été rendues publiques, mais des sources proches du dossier affirment que le comité a examiné de nombreux documents et témoignages avant de conclure que M. Wolfowitz avait violé ses obligations dans cette affaire, ajoute le quotidien. Kevin Kellems a régulièrement été cité par les opposants à M. Wolfowitz comme l’un des symboles d’une gestion du pouvoir jugée centralisée et autoritaire. A cet égard, son départ pourrait être interprété comme une volonté de l’ancien faucon de l’administration Bush de prendre acte des critiques qui lui sont faites, avec l’espoir d’assurer sa survie politique. “Certains peuvent y voir un dernier effort pour éviter un vote de défiance du conseil d’administration de la Banque, plus tard dans la semaine”, estime Manish Bapna, président du Bank Information Center, un organisme indépendant qui étudie l’action de l’institution multilatérale. “Mais c’est trop peu et trop tard. La démission de Kellems ne fera pas taire les critiques”, selon lui. Même analyse d’un autre observateur, qui a préféré conserver l’anonymat: “débarquer son chargé de communication, cela revient à dire +j’ai un problème d’image+, alors que le problème est un problème de substance”. “Si la démission confirme une chose, c’est que le futur de Wolfowitz à la Banque mondiale est extrêmement précaire et que ses jours sont comptés”, poursuit M. Bapna. “Les conclusions du comité ad hoc sont peut-être tellement accablantes que ses plus proches conseillers réalisent qu’il ne leur reste qu’une seule option”, conclut-il. |
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