La BCE confirme la hausse de juin, mais bouche cousue pour la suite

 
 
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Le président de la BCE Jean-Claude Trichet, le 10 mai 2007 à Dublin (Photo : Johnny Bambury )

[10/05/2007 16:47:03] DUBLIN (AFP) La Banque centrale européenne a confirmé jeudi son intention de relever les conditions du crédit en juin, mais s’est gardée de donner des indices sur la suite, alors que la force de l’euro fait grincer des dents, notamment en France.

“Une grande vigilance est essentielle” afin de d’éviter tout risque de dérapage inflationniste, a déclaré son président Jean-Claude Trichet, lors d’une conférence de presse à Dublin.

Les mots clés sont lâchés: le prochain tour de vis aura lieu en juin. “Ce que je dis parle de lui-même. Nous sommes en position de +grande vigilance+. Il n’y a pas d’ambiguité”, a martelé le Français.

Il continue de craindre les retombées inflationnistes de hausses salariales élevées, supérieures à la productivité, et de nouvelles augmentations des prix du pétrole. Parallèlement, son diagnostic sur l’économie est très favorable: “les conditions sont en place pour que la relance en cours se fasse à rythme soutenu”.

Les économistes sont déjà unanimes depuis plusieurs semaines à miser sur le relèvement début juin à 4% du principal taux directeur, qui détermine le niveau du crédit dans la zone euro. Ils avaient aussi tous parié sur un statu quo jeudi.

Mais c’est l’après juin qui suscite toutes les interrogations. M. Trichet n’a pas jugé bon de les assouvir, mais s’est contenté de donner rendez-vous “après la réunion de juin”.

Tout dépendra des statistiques. “Nous agissons toujours en fonction des données économiques”, a-t-il fait valoir. Le niveau de change externe de l’euro est l’une des données, parmi d’autres, pris en compte par la BCE pour fixer le cap de sa politique.

Sur le marché des changes, la devise européenne s’est repliée après ces propos prudents. Les économistes restaient partagés, même si nombre d’entre eux continuaient à parier sur au moins une nouvelle hausse de taux après juin.

“Nous pensons que la BCE va maintenir son orientation à la hausse des taux après le conseil de juin et remonter ses taux directeurs au mois de septembre”, indique Alexander Krüger, analyste à la WestLB.

“L’euro ne devrait pas freiner l’élan de la BCE”, ajoute l’économiste, selon qui la monnaie unique devrait rester sous 1,40 dollar, considéré comme le seuil pouvant rendre la BCE nerveuse, sur les douze prochains mois.

Pourtant, les craintes et critiques demeurent. “On a peur d’un euro qui serait trop fort” et des “incidences sur les exportations”, a déclaré mercredi Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro.

“C’est certain, l’euro fort, s’il continue à grimper, peut affaiblir les exportations”, a-t-il dit.

Jeudi, le coprésident de l’exécutif d’EADS, l’Allemand Thomas Enders, a mis en garde contre de nouvelles mesures de restructuration chez la filiale en crise Airbus si la devise européenne continuait son ascension.

Et Bernard Arnault, PDG de LVMH, espère un changement après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française.

“Je ne sais pas si on va réussir à faire en sorte que la Banque (centrale, ndlr) européenne devienne plus attentive à la force de l’euro et à la croissance de la France. Peut être qu’avec la nouvelle donne politique, cela aura une influence, je l’espère”, a-t-il déclaré.

M. Sarkozy avait appelé à plus de contrôle des pouvoirs politiques sur les agissements de la BCE. La politique de remontée de taux, désignée comme responsable de la force de l’euro, est préjudiciable à l’économie, en particulier aux exportations françaises, avait-t-il fait valoir.

Mais ces demandes appartiennent au passé, si l’on en croit Jean-Claude Trichet. “J’ai noté que les appels au changement de notre mandat ne sont plus une requête du nouveau président français”, a-t-il déclaré à Dublin.

 10/05/2007 16:47:03 – © 2007 AFP