[10/05/2007 16:07:22] MOSCOU (AFP) Le géant public Rosneft a conforté son assise de numéro un du pétrole russe en mettant la main jeudi sur un nouveau lot d’actifs de l’ancien champion Ioukos, dont le démantèlement apparaît désormais quasi achevé. Rosneft, qui n’était qu’un petit opérateur parmi d’autres il y a trois ans, a emporté aux enchères la dernière grosse filiale de production du groupe déchu, Samaraneftegaz, ainsi que trois grosses raffineries de la région de la Volga, pour 6,43 milliards de dollars, contre un prix de départ de 5,9 milliards USD. Rosneft, que les analystes dépeignent comme le bras armé du Kremlin dans sa reconquête d’une industrie stratégique largement privatisée dans les années 90, s’est ainsi adjugé trois des quatre plus gros lots de Ioukos mis en vente depuis fin mars, dépensant plus de 20 milliards de dollars. La compagnie avait déjà racheté fin 2004 le fleuron de Ioukos, Iougansneftegaz, pour 9,35 milliards de dollars, un prix considéré comme particulièrement bas à l’époque. Ce n’est en revanche pas le cas cette fois, relève Konstantin Batounine, analyste à la banque Alfa, qui estime que globalement, les lots vendus cette année l’ont été “à un prix de marché”, conformément à la volonté du Kremlin. “C’est plus facile cette fois, il n’y a pas de contrainte de temps et Rosneft est aussi beaucoup plus puissant qu’à l’époque. Avant d’acquérir Iougansneftegaz, il ne produisait que 20 millions de tonnes par an, (contre 50 millions pour Iougansneftegaz), c’était vraiment petit”, remarque-t-il. Aujourd’hui les cartes ont changé de mains. Rosneft est désormais confortablement installé au poste de numéro un russe, un titre qu’il a pu ravir à son rival, le groupe privé Loukoïl, grâce aux actifs de Ioukos. Il produit plus de 2 millions de barils par jour, soit nettement plus que certains pays pétroliers comme l’Algérie. Mais Rosneft s’est néanmoins retiré au dernier moment de la course au lot numéro 12, qui comprenait le vaste réseau de stations-services de Ioukos, soit 537 sites. Le lot, vendu jeudi après-midi, a été emporté pour 483 millions de dollars par le groupe Unitex, dont l’identité demeure obscure, mais à qui la presse russe prête des liens avec les producteurs russes de gaz Gazprom et Novatek. Cette vente, qui a duré une vingtaine de minutes, a été nettement plus disputée que les précédentes alors que -chose rare- elle accueillait des prétendants étrangers, la major anglo-néerlandaise Shell et TNK-BP, lui-même détenu pour moitié par le britannique BP. Rosneft a expliqué peu après s’être retiré pour des raisons de règlement interne, mais demeurer “intéressé” par les actifs. Parallèlement, une nouvelle enchère pourrait être organisée pour le lot numéro 9, dont la vente début mai au groupe PromRegionHolding a été bloquée par le service anti-monopole russe faute d’informations suffisantes sur son compte. Quant à Ioukos, il est désormais réduit au stade de “coquille” vide, estime M. Batounine. Trois enchères sont encore prévues, dont celle très symbolique vendredi de son siège moscovite. Selon Nikolaï Lachkevitch, porte-parole du liquidateur judiciaire de Ioukos, il paraît désormais certain que le groupe en faillite va pouvoir payer toutes ses dettes, estimées en février à 27,5 milliards de dollars. Les enchères ont permis de lever 26,8 milliards de dollars jusqu’ici. “Nous pouvons certifier que toute la dette due aux créanciers sera totalement payée”, a-t-il dit. Malgré cela, les enchères se poursuivront jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à vendre, a-t-il ajouté. |
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