[10/05/2007 20:53:09] ASTANA (AFP) Le président russe Vladimir Poutine, qui veut renforcer la coopération énergétique de son pays avec l’Asie centrale riche en hydrocarbures, a obtenu des engagements en ce sens du Kazakhshtan jeudi au début d’une tournée dans la région. Le Kremlin vise de nouveaux contrats pour l’extraction de gaz et de pétrole au Kazakhstan et au Turkménistan, sur les bords de la mer Caspienne, ainsi que pour leur transport vers la Russie. Il entend plus généralement resserrer ses liens diplomatiques et économiques avec les ex-républiques soviétiques de cette région, qui se sont affaiblis depuis la chute de l’URSS en 1991. A l’issue d’une rencontre avec M. Poutine, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a promis de renforcer les liens énergétiques entre les deux pays alors que les Etats-Unis et l’Europe lorgnent aussi sur les ressources de la région. “Notre coopération dans le secteur du pétrole et du gaz a un caractère stratégique, en particulier en ce qui concerne le transport d’énergie kazakhe vers les marchés mondiaux via les pipelines russes”, a noté M. Nazarbaïev. “Le Kazakhstan a vocation à transporter l’essentiel de son énergie, sinon la totalité, via le territoire russe”, a-t-il ajouté, alors que les Occidentaux souhaitent développer des routes énergétiques contournant la Russie pour réduite leur dépendance vis-à-vis de Moscou. Le patron du géant gazier russe Gazprom Alexeï Miller cité par Interfax a annoncé qu’il s’est “mis d’accord” avec ses collègues kazakhs sur les conditions de l’achat du gaz du gisement de Karatchaganak, au Kazakhstan, dans le cadre d’une société conjointe russo-kazakh. Selon une source, proche des négociations, citée par Interfax, un accord officiel en ce sens devrait être signé le 21 mai à Moscou. Le président kazakh s’est également montré intéressé par un projet d’oléoduc soutenu par la Russie, qui doit relier le port bulgare de Bourgas à la ville grecque d’Alexandropolis. Les deux pays ont aussi signé un accord pour la création conjointe près d’Irkoutsk (Sibérie orientale) d’un centre international d’enrichissement d’uranium destiné aux pays en développement désireux d’accéder à l’énergie nucléaire civile. M. Poutine a présenté cette initiative conjointe – le centre devant devenir opérationnel en 2013 – comme un “secteur très prometteur de coopération” bilatérale. Il devait se rendre jeudi soir au Turkménistan pour des entretiens bilatéraux vendredi, avant un sommet énergétique samedi entre les présidents russe, kazakh et turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov à Turkmenbachi, sur les bords de la Caspienne. Les trois leaders doivent examiner un projet de nouveau gazoduc entre le Turkménistan, riche en gaz, et la Russie via le Kazakhstan, Moscou cherchant à accroître ses approvisionnements pour préserver ses capacités à l’exportation alors que sa propre production de gaz se tasse. L’Union européenne et les Etats-Unis soutiennent pour leur part l’idée d’un gazoduc allant du Turkménistan à l’Azerbaïdjan via la mer Caspienne. Ce tracé éviterait la Russie qui contrôle déjà la grande majorité des exportations de gaz turkmène. Un sommet énergétique “concurrent” doit se tenir vendredi et samedi à Cracovie, dans le sud de la Pologne, en présence des présidents géorgien, ukrainien et azerbaïdjanais afin d’étudier des routes de transport énergétiques contournant la Russie. Côté polonais comme dans la presse russe, le voyage de M. Poutine au Kazakhstan et au Turkménistan a été perçu comme une contre-initiative à ce sommet, en empêchant notamment le président kazakh de s’y rendre. “Le but final de la tournée (de M. Poutine) en Asie centrale est d’empêcher la construction de pipelines passant à travers le Caucase et contournant la Russie”, commentait jeudi le quotidien russe Kommersant. |
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