Travailler
sans aucune contrainte horaire a de quoi choquer et heurter plus d’un chef
d’entreprise, pour ne pas dire l’écrasante majorité des patrons,
quelle que soit leur nationalité. On voit mal en effet un patron chinois ou
américain, notamment s’il est d’un certain âge, vous écouter lui proposer ce
type de méthode. Surtout à un moment où certains pays voient leurs
candidats à la Présidentielle se chamailler à ce sujet, et proposer de
«travailler plus pour gagner plus», pour l’un, les «35 heures» et même les «32 heures», pour l’autre. Leur proposer de laisser travailler l’employé sans
lui demander
des comptes sur le temps passé dans les locaux de l’entreprise revient à proposer à un
mollah d’aller boire un verre dans la boîte de nuit du coin un samedi soir.
Pourtant, c’est à cela que s’est essayé un groupe de chefs de service
américains appartenant à la prestigieuse chaîne de distribution (la deuxième
au monde) Best Buy. La méthode est à la fois simple et rude à appliquer : il
ne faut plus demander au salarié d’être au bureau de telle heure à telle
heure, tant de jours par semaine, mais de lui demander un quota de travail à
réaliser en un temps défini. Chacun sait ce qu’il a à faire et le fera en
fonction de son emploi du temps personnel.
En clair, il pourra se permettre une grasse matinée un lundi matin, s’offrir
un bain de mer un vendredi midi et accompagner ses enfants au manège le
mercredi toute la journée. Ce salarié fera ce qu’il voudra, mais devra en
parallèle assurer le travail qui lui a été imparti. Quant aux réunions,
elles ont lieu soit via visioconférence, soit programmées suffisamment à
l’avance pour que tout le monde soit présent à l’heure H, le jour J.
Après avoir été essayée dans un petit service, l’expérience a gagné, peu à
peu, 60% des services de la chaîne avant même que le grand patron ne soit au
courant ! Quand on l’a informé, et après l’effet de surprise, il s’est
montré des plus coopératifs et a applaudi. Et au stade actuel, on est en
train d’essayer d’appliquer la méthode dans les magasins liés (par la nature
même de leur travail et leur contact avec les clients) par des horaires
précis exigeant une présence physique sur les lieux. L’expérience montre ses
fruits : Best Buy a annoncé un bénéfice net en hausse de 18% à 763 millions
de dollars au titre du quatrième trimestre de son exercice fiscal clos le 3
mars 2007. Les sceptiques ne peuvent donc contester !
A
Webmanagercenter, on a tenté l’expérience et beaucoup d’entre nous sont
liés, depuis des années, par des objectifs et nullement par une présence
physique. D’ailleurs, je vous avoue ne mettre les pieds au siège qu’une fois
par mois, voire tous les deux mois, à l’occasion de réunions beaucoup
plus informelles, censées renforcer des liens humains, qu’officielles. Qu’il
y ait des manquements aux objectifs par moments, cela arrive. Mais cela est
très vite rattrapé le mois suivant.
L’expérience n’est certes pas possible pour toutes les professions, mais à y
regarder de près, nous constaterons rapidement que toutes les professions
n’impliquent pas réellement obligation de présence physique au bureau.