Le secteur minier en fusion, poussé par les prix record des métaux

 
 
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Photo non datée d’une usine d’Alcoa à Szekesfehervar, en Hongrie

[12/05/2007 07:59:56] PARIS (AFP) Les prix record des métaux et la volonté de peser sur les marchés font tourner la tête des groupes miniers, lancés dans une course à la taille sans précédent qui entraîne tout le secteur dans un tourbillon de fusions géantes.

Dernier exemple en date, l’offre de 33 milliards de dollars lancée lundi par l’américain Alcoa sur son concurrent canadien Alcan, avec pour ambition de devenir le numéro un mondial de l’aluminium, en détrônant le russo-suisse Rusal, né récemment de la fusion de Rusal, Sual et de Glencore.

Une offre qui reflète l’urgence pour Alcoa de se développer alors que le secteur connaît un mouvement de consolidation et que l’aluminium chinois gagne rapidement du terrain.

Mercredi, les marchés s’enflammaient par ailleurs, après des rumeurs de rachat du numéro trois mondial du secteur minier Rio Tinto par le numéro un BHP Billiton, tous deux anglo-australiens. Une fusion qui pourrait être la troisième plus grosse acquisition d’une entreprise dans l’histoire.

“Les groupes sont confiants, ils pensent que les prix vont rester très hauts et s’ils restent très hauts, les bénéfices seront plus importants et ils pourront rembourser l’endettement nécessaire à l’acquisition plus rapidement”, explique Stephen Briggs, analyste à la Société Générale.

“Et c’est dans leur intérêt de créer des oligopoles, de contrôler le marché car ils pourront ainsi vendre plus cher à leurs clients et être plus rentables et plus compétitifs”, souligne-t-il.

“Les groupes ont beaucoup d’argent, ce qui en fait des proies éventuelles. Et plutôt que d’être proie, il vaut mieux être prédateur. On est dans un réflexe de survie”, note de son côté Philippe Chalmin, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières.

Tirés par la croissance robuste de l’économie mondiale, l’explosion de la demande provenant notamment des pays émergents et la maigreur des stocks, les prix des métaux atteignent des records absolus.

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Vue d’un site minier en Nouvelle-Calédonie, prise le 1er décembre 2005 à Yaté (Photo : Marc Le Chelard)

Le nickel, utilisé dans la production de l’acier inoxydable, a vu son prix tripler en un an à plus de 50.000 dollars la tonne.

Une flambée qui fait miroiter aux producteurs des bénéfices record, et qui provoque une concentration sans précédent dans le secteur.

Le brésilien CVRD s’est offert fin 2006 pour quelque 13,3 milliards de dollars le canadien Inco, devenant ainsi le deuxième groupe minier mondial.

Et ce, seulement quelques mois après que le suisse Xstrata eut avalé Falconbridge, au terme d’une bataille boursière avec le même Inco.

La semaine dernière, le secteur a encore assisté à une guerre de titans pour le contrôle du canadien LionOre, le géant russe Norilsk Nickel, premier producteur mondial, défiant Xstrata en surenchérissant, avec une offre de cinq milliards de dollars.

Les prix du cuivre, du plomb, de l’étain ou du zinc affichent eux également des records, entraînant là aussi des rapprochements.

L’américain Freeport McMoRan Copper & Gold a annoncé en novembre le rachat de son compatriote Phelps Dodge pour 25,9 milliards de dollars, une opération qui devrait donner naissance au premier groupe minier américain et au premier producteur de cuivre coté au monde.

En décembre, l’australien Zinifex et le belge Umicore ont annoncé leur mariage, devenant le nouveau numéro un mondial du zinc.

L’or, valeur refuge pour les investisseurs et dont les prix devraient continuer à grimper en 2007, n’est pas en reste. En août, le canadien Goldcorp a mis la main sur l’américain Glamis pour 8,6 milliards de dollars, donnant ainsi naissance à un des leaders du secteur.

Et, selon M. Chalmin, une arrivée éventuelle des fonds d’investissement dans le jeu ne devrait pas contribuer à calmer le mouvement.

“BHP vaut 140 milliards de dollars en Bourse mais 200 milliards à la casse”, s’il est vendu à la découpe. “Pour l’instant, on n’a pas vu d’offre des fonds, mais ça peut venir…”, prédit-il.

 12/05/2007 07:59:56 – © 2007 AFP