Affaire Wolfowitz : le compte à rebours touche à sa fin

 
 
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Le président de la Banque Mondiale Paul Wolfowitz le 2 mai 2007 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

[13/05/2007 11:17:21] WASHINGTON (AFP) Le compte à rebours déclenché par le conseil d’administration de la Banque mondiale pour se prononcer sur les accusations de népotisme pesant sur son président Paul Wolfowitz approche de sa fin et pourrait déboucher sur son départ, dans des conditions restant à déterminer.

Les 24 administrateurs de l’institution multilatérale ont indiqué qu’ils devraient se prononcer sur l’avenir de Paul Wolfowitz, 63 ans, après une réunion mardi avec l’intéressé.

L’ancien numéro deux du Pentagone est accusé d’avoir assuré personnellement l’avancement de sa compagne Shaha Riza, également employée de l’institution. Le comité ad hoc créé par le conseil d’administration pour enquêter sur ces accusations a déjà conclu “sans ambiguïté que M. Wolfowitz n’avait pas respecté les règles”, a indiqué une source diplomatique européenne s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Mais l’approche que le Conseil va adopter pour statuer sur le sort de son président, en exercice depuis juin 2005, est encore inconnue. Soumettra-t-il au vote l’avenir de Paul Wolfowitz ? Ou émettra-t-il un jugement définitif sur le fond, à charge de l’intéressé d’en tirer les conséquences ?

Cette affaire, qui dure depuis un mois, divise les 185 pays membres de l’institution. Les Etats-Unis soutiennent l’ancien faucon de l’administration Bush, tandis que les Européens veulent en finir rapidement.

Alors que les pressions se sont accrues ces derniers jours et que les lignes de fractures géopolitiques se sont durcies, les critiques de M. Wolfowitz ont cherché à éviter l’affrontement direct, notamment en lui donnant davantage de temps pour se défendre.

“Les principaux responsables européens ne veulent pas d’une nouvelle controverse avec les Etats-Unis”, explique Michael Mussa, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), l’institution soeur de la Banque mondiale.

“Ils veulent que Wolfowitz saute, sans donner l’impression qu’il a été poussé”, a-t-il conclu.

Dans une lettre au président républicain George W. Bush, le chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid a également plaidé en faveur d’une issue conservant les apparences diplomatiques.

“La Banque risque de se sentir obligée de voter sur le maintien de M. Wolfowitz à la présidence, ce qui serait un précédent inédit”, rappelle ce responsable, dans un courrier daté de mercredi, co-signé avec trois autres sénateurs démocrates.

“Nous pensons que ni la mission de la Banque, ni les intérêts américains, ne bénéficieraient d’un tel scrutin. Nous vous demandons d’agir rapidement pour mettre un terme à cette crise”, ont-ils conclu.

Les noms des successeurs potentiels de M. Wolfowitz commencent à circuler dans la presse : celui de l’ancien représentant américain au Commerce (USTR) Robert Zoellick arrive en tête, suivi de l’Egyptien Mohamed El-Erian, qui gère les fonds de l’université de Harvard et du Turc Kemal Dervis, l’administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud).

En principe, ce sont les Etats-Unis qui nomment le président de la Banque mondiale alors que les pays européens choisissent celui du FMI.

Vendredi, le Wall Street Journal, jusqu’alors très réceptif aux arguments de M. Wolfowitz, a même suggéré plusieurs points de chute pour l’intéressé : un poste élevé au département d’Etat ou une ambassade au Pakistan, en Indonésie ou au Nigeria.

“Ce que les administrateurs doivent réellement trouver, c’est une porte de sortie, plus élégante, pour Wolfowitz”, résume M. Mussa. “Mais l’essentiel, c’est qu’il doit partir : il est tout simplement trop abîmé pour continuer à fonctionner”.

 13/05/2007 11:17:21 – © 2007 AFP