Quand on rencontre Cheikh Salah Kamel, on reste marqué… car cet homme, d’une
simplicité criarde qui s’habille à la Mao d’une manière fort discrète, tient
toujours une petite canne comme pour conjurer le stress, s’exprime d’une
voix de stentor pour vous convaincre que pour combattre le terrorisme, il
faut vaincre le chômage. Alors il crée, crée et demande à ce que l’on crée
des projets dans ce monde musulman auquel il croit dans ses grandes
valeurs.
Il ne s’embarrasse pas des formalismes, s’impatiente quand un haut
responsable le laisse attendre pour inaugurer une assemblée et démarre sur
les chapeaux de roues une réunion consacrée à la création de nouveaux
projets.
Cet homme d’affaires –qui est avant tout un homme d’affaires – opère d’une
manière bien simple entouré d’un staff solide discret, et on ne peut plus
qualifié ; il demande aux pays intéressés de faire créer des «sociétés
d’identification d’opportunités de projets», et pour chaque projet présenté
une étude de faisabilité bien charpentée pour examen et analyse détaillée
avant de mettre en place le montage financier pour lequel il exige
l’intervention de gens du pays.
Il ne comprend pas pourquoi cette région one reste désertique alors que
l’eau y est à profusion, pourquoi ne pas créer une usine de génériques dans
un pays qui importe ses médicaments etc., et développe ses idées d’une
manière simple et naturelle que d’autres structurent et mettent en place et
aussi en assurent le suivi.
J’ai rarement vu des gens de cette partie de la planète pour qui le temps
est aussi précieux, et je l’ai vu signer en quelques minutes un accord dans
un pays voisin pour la création de 4 projets jugés
faisables, chacun nécessitant une mise de
100 millions de dollars. Le soir, comme pour fêter l’événement, les
autorités avaient mobilisé leurs meilleurs chanteurs et troupes. Mais des
qu’il termina sa salade, et comme pour marquer sa présence et honorer ses
hôtes, Cheikh Salah Kamel reprit l ‘avion à 11h du soir avec son staff, dont
l’un d’eux me dit : «on va aller faire une réunion dans l’avion …».
Développer, développer, se battre contre la misère, cela semble être le
credo naturel de ce Saoudien riche mais pas trop –il ne pèse que 6 milliards
de dollars, loin derrière Bill Gates qui, avec son Microsoft, en pèse 50. En
toute pudeur, on peut combattre le sous-développement et développer des
affaires saines en tenant compte des préceptes rigoureux de notre religion
comme les notions de zakat ou de faisabilité sans notion d’intérêt mais
plutôt de mourabaha… Et je n’ose pas imaginer ce que sentirait Tunis
aujourd’hui si Cheikh Salah n’’était pas passé par le Lac (entendez les
Berges du Lac) il y a plus de 20 ans, et il a créé une zone saine mais sans
alcool.
Bonne continuation Son Excellence, car quand je croise des gens de cette
envergure, je m’inquiète moins pour l’avenir des pays pétroliers et leurs
pétrodollars ….