[15/05/2007 17:42:48] PARIS (AFP) La polémique sur les indemnités de départ des dirigeants d’EADS vient de rebondir avec de nouvelles informations de presse sur un parachute doré pour un de ses dirigeants qui suscitent la colère du Medef, sur fond de tensions franco-allemandes au sein du groupe européen. Lundi, le site internet du mensuel Capital a affirmé que le directeur général délégué d’EADS, Jean-Paul Gut, comptait quitter la maison mère d’Airbus et visait une indemnité de départ d’au moins 12 millions d’euros, du fait de son ancienneté après plus de 20 ans de maison. Dans la journée, une porte-parole du groupe d’aéronautique et de défense a affirmé à l’AFP qu’un départ de M. Gut n’était “pas à l’ordre du jour” et que “les conditions financières de ce prétendu départ” étaient “fantaisistes”. Mardi, EADS a “formellement” démenti que M. Gut réclame 12 millions d’euros, jugeant ces informations “parfaitement infondées” et estimant qu’elles “portent préjudice au groupe EADS”. Mais ces dénégations n’ont pas empêché la polémique d’enfler, après le scandale provoqué en avril par la révélation des 8,5 millions d’euros d’indemnités attribués à l’ancien coprésident d’EADS Noël Forgeard. Se disant “assez fumasse”, la présidente du Medef Laurence Parisot a sommé mardi EADS de s’expliquer sur cette “nouvelle affaire”. “Je souhaiterais qu’EADS mette de l’ordre dans sa gouvernance, ça commence à bien faire”, a-t-elle lancé. Le président du directoire de l’assureur français Axa, Henri de Castries, qui vient de renoncer à ses stock-options pour 2007, s’est déclaré “favorable à la suppression des parachutes dorés”, dans une interview mardi au Parisien-Aujourd’hui en France. En Allemagne, l’affaire du parachute doré de M. Forgeard a refait surface, à la veille d’une première rencontre entre le nouveau président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel. Thomas Enders, coprésident allemand d’EADS, a affirmé dans une interview à la Frankfurter Allgemeine Zeitung que le gouvernement français avait fait “pression” pour que M. Forgeard quitte le groupe en empochant ses colossales indemnités. “Il s’agit uniquement de l’exécution des clauses d’un contrat. Le versement de ces indemnités obéit aux règles du droit”, rétorque-t-on de source française proche du dossier. Mi-avril, le magazine Challenges avait déjà affirmé que le ministre de l’Economie Thierry Breton était intervenu en faveur du versement des indemnités de M. Forgeard, contre l’avis des membres du conseil d’administration. Une information démentie par l’intéressé, qui jugeait “scandaleux” qu’on puisse l’accuser d’une telle action. En outre, MM. Gut et Forgeard sont visés par l’enquête de l’Autorité des marchés financiers (AMF) sur de possibles délits d’initiés chez EADS lors de la levée de stock-options au printemps 2006, juste avant que le titre ne s’effondre du fait de l’annonce de nouveaux retards de l’avion géant A380. En mars 2006, M. Forgeard avait vendu 162.000 titres pour une plus-value totale de 2,5 millions d’euros. M. Gut avait vendu 75.000 actions, encaissant un bénéfice de 1,15 million d’euros. Dans le volet judiciaire de cette même affaire, un actionnaire, Albert Torjman, a demandé mardi que la saisine de la juge financière Xavière Siméoni soit étendue aux indemnités de M. Gut, qu’il considère comme des “faits d’abus de biens sociaux”. Par la voix de son avocat, M. Gut a annoncé un peu plus tard qu’il allait porter plainte contre M. Torjman pour “dénonciation calomnieuse”. |
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