[15/05/2007 19:38:51] WASHINGTON (AFP) Accusé officiellement d’avoir violé les règles de la Banque mondiale, son président Paul Wolfowitz devait tenter une dernière fois mardi de se défendre des accusations de népotisme qui le visent alors que le soutien de la Maison Blanche semble s’éroder. L’ancien numéro deux du Pentagone, accusé d’avoir assuré personnellement l’avancement de sa compagne Shaha Riza, également employée de l’institution multilatérale, devait se présenter devant les membres du conseil d’administation de la Banque à 17H00 (21H00 GMT). “Encore une fois, nous le soutenons mais (…) il a dit qu’il était prêt à s’asseoir à la même table que les membres de la Banque mondiale pour essayer de trouver le moyen approprié de servir les meilleurs intérêts de l’institution”, a déclaré mardi le porte-parole de la présidence américaine, Tony Snow. “De ce point de vue, toutes les options sont sur la table”, a-t-il précisé. M. Snow s’est toutefois défendu d’adresser là un message de confiance brouillé à M. Wolfowitz, après la publication d’un rapport accablant pour l’intéressé. Dans un document de 52 pages, un petit groupe d’administrateurs désignés par le conseil d’administration de la Banque pour examiner ces accusations, a conclu que M. Wolfowitz avait violé les termes de son contrat de travail, le code de conduite de l’institution et trois des règles s’appliquant au personnel. “En s’impliquant lui-même dans les termes spécifiques de la mise à disposition de Mme Riza, M. Wolfowitz a agi de façon incompatible avec ses obligations à l’égard de la Banque”, ont-ils estimé. Peu après l’arrivée de M. Wolfowitz à la tête de l’institution en juin 2005, Mme Riza, qui travaillait au service communication, avait été détachée au département d’Etat, moyennant une augmentation substantielle de son salaire, payée par l’institution multilatérale. En supervisant ce transfert, que le comité d’éthique de la Banque avait recommandé, “le président (Wolfowitz) s’est placé lui-même dans une situation de conflit d’intérêts”, ont jugé les membres du comité ad hoc. Au crédit de M. Wolfowitz, qui en a fait l’un des principaux axes de sa défense, les administrateurs ont reconnu que les instructions données à l’époque par le comité d’éthique manquaient de précision. Mais cette nuance n’enlève rien à la gravité de leur conclusion: “La situation actuelle a provoqué une crise, non seulement dans les rangs de la direction, mais dans l’ensemble de l’institution”, où le personnel a demandé ouvertement la démission du président. Le mauvais climat au sein de la Banque transparaît dans l’une des auditions réalisées par le comité et publiée en annexe du rapport. “Si ces gens me cherchent, moi ou Shaha, j’en ai assez sur eux pour les baiser moi-aussi”, aurait ainsi lâché M. Wolfowitz au responsable des ressources humaines, Xavier Coll, selon des propos rapportés par ce dernier. Après l’audition mardi de M. Wolfowitz, 63 ans, il appartiendra aux représentants des 185 pays membres de la Banque, divisés sur la question, de déterminer “si M. Wolfowitz est en mesure de faire preuve de l’autorité nécessaire pour assurer que la Banque continue de fonctionner au mieux de son mandat”, selon les termes du comité. La ministre allemande de la Coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul, dont le pays préside l’UE, a souhaité mardi que “l’intégrité et la crédibilité” de la Banque mondiale soient “rétablies”. Le comité a aussi appelé les administrateurs à “entreprendre une révision du dispositif encadrant les questions de bonne gestion au sein du groupe”, une façon de reconnaître — à la décharge de l’accusé — que ce dispositif n’est pas parfait. |
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