[15/05/2007 11:25:38] PARIS (AFP) La croissance française au premier trimestre (+0,5%) est restée en-deçà des attentes du gouvernement et des performances des pays voisins, mais les économistes notent avec soulagement que le dynamisme des entreprises a enfin pris le relais d’une consommation qui s’essouffle. A 0,5%, la croissance trimestrielle du Produit intérieur brut est conforme aux prévisions de l’Insee mais inférieure à celles de la Banque de France (+0,8%) et du gouvernement. Le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, avait en effet indiqué le 7 mai que la croissance de l’économie française serait “revue à la hausse” au premier et au deuxième trimestres 2007 “avec 2,5% à 3% en rythme annualisé”, soit entre 0,6 et 0,75% par trimestre. Le chiffre du premier trimestre représente donc “une légère déception”, selon Alexander Law, du cabinet d’études sectorielles Xerfi, tandis que Nicolas Bouzou (Asterès), le qualifie de “mi-figue, mi-raisin”. Marc Touati (Association pour la connaissance et le dynamisme économiques) note que “la France n’arrive plus à renouer avec la croissance forte et reste à la traîne de ses principaux partenaires européens”. Au premier trimestre, le PIB allemand a en effet progressé de 0,5% malgré la hausse de la TVA dans ce pays et après un très bon quatrième trimestre 2006. La croissance espagnole a bondi de 1% et celle du Royaume-Uni a gagné 0,7%. Pourtant, lorsqu’ils décortiquent ce chiffre trimestriel, les économistes y voient aussi des raisons de se rasséréner. Car la croissance “s’est progressivement rééquilibrée au détriment de la consommation” et “en faveur des exportations et de l’investissement des entreprises non financières”, note Mathieu Kaiser (BNP Paribas), ce qui “est de bon augure pour l’activité et l’emploi à court terme”. Alexander Law relève que les investissements des entreprises progressent fortement, de même que les exportations : malgré le déficit, “les échanges extérieurs contribuent positivement à la croissance pour la première fois depuis le premier trimestre 2006”, souligne-t-il. Certes, les investissements des ménages, eux, ralentissent, mais “cela signifie que la bulle immobilière s’est dégonflée sans éclater”, analyse Nicolas Bouzou. Quant aux variations de stocks, elles ont pesé sur la croissance ce trimestre, mais cela signifie aussi que “les usines ont commencé à écluser leurs invendus”, ce qui est “un facteur de rebond de la croissance économique pour le reste de 2007”. Finalement, résume Alexander Law, “l’économie française, pourtant si dépendante du comportement des consommateurs, a fait la preuve qu’elle pouvait surmonter une fatigue passagère de ses ménages grâce au dynamisme de ses entreprises et de son industrie. Autrement dit, la France a retrouvé, au moins pour l’instant, sa deuxième locomotive”. Reste que, pour Marc Touati, la croissance française ne devrait pas dépasser 1,8% cette année. Elle a finalement atteint 2,2% l’an dernier, selon les derniers chiffres révisés publiés mardi par l’Insee, soit le milieu de la fourchette de prévision du gouvernement. L’Insee, qui a changé de méthode de calcul, a également révisé le chiffre de la croissance au quatrième trimestre 2006, à 0,5% contre 0,7% précédemment. Publié mardi également, le chiffre de l’inflation pour avril fait apparaître une légère remontée des prix (+1,3% en glissement annuel contre 1,2% en mars), en particulier ceux de l’énergie et des fruits et légumes, mais ne traduit pas de tensions inflationnistes. |
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