[15/05/2007 15:11:22] FRANCFORT (AFP) En se séparant de Chrysler, le constructeur automobile allemand DaimlerChrysler se protège contre une offre hostile et se recentre comme son concurrent historique BMW sur son coeur de métier, la très rentable marque Mercedes. En annonçant lundi la vente de 80,1% de sa filiale américaine au fonds d’investissement Cerberus, Daimler a enterré le rêve de son ancien patron Jürgen Schrempp: devenir une “world Company” (Welt AG) présente sur toute la surface du globe et tous les segments du marché. Le groupe, recentré sur l’Allemagne perd un tiers de son chiffre d’affaires. En termes de livraisons, avec 2,1 millions de voitures vendues chaque année, il devrait reculer du cinquième au onzième rang mondial, derrière le français Renault. L’opération reste toutefois une très bonne affaire, pour les analystes. Le marché ne s’y trompait pas: vers 10h30 GMT, le titre gagnait encore 2,72% à Francfort. Le président du directoire de Daimler n’a pas caché son soulagement lundi en conférence de presse. “Nous sommes très, très satisfaits”, a déclaré un Dieter Zetsche, visiblement plus détendu que d’habitude. Beaucoup plus petit, Daimler deviendra également beaucoup plus performant. Son rival BMW lui a d’une certaine manière montré la voie. Depuis qu’il s’est séparé du boulet britannique Rover en 2000 pour se recentrer sur les marques BMW, Mini et Rolls-Royce, le groupe bavarois publie quasiment chaque année des résultats records.
“Sans Chrysler, le profil de risques de Daimler et les perspectives de l’action sont beaucoup plus favorables. Il n’y aura plus de mauvaises surprises”, relève Georg Stürzer, analyste à la banque HVB. Daimler est déormais délesté des menaces liées au marché de masse américain: guerre des prix, impact sur la consommation de la hausse des prix du brut et engagements très lourds de Chrysler en matière de retraite et de santé. Il va se concentrer sur ses points forts: la marque haut de gamme Mercedes et les poids lourds, où il est numéro un mondial et qui sont tous les deux sources de revenus très stables. La direction de Daimler a déjà identifié un certain nombre de chantiers chez Mercedes, en premier lieu la fiabilité. Les ingénieurs ont développé ces dernières années des modèles lourdement chargés en électronique embarquée, qui ont entraîné une série de problèmes techniques et entamé l’image de la marque à l’étoile. “En améliorant la fiabilité, la direction devrait pouvoir propulser la marge d’exploitation de Mercedes au-delà des 7% visés officiellement cette année”, relèvent les analystes de la LBBW dans une note. Daimler a eu par ailleurs l’intelligence de ne pas couper complètement les ponts avec Chrysler. Les deux groupes vont continuer à collaborer dans plusieurs secteurs stratégiques, comme le développement de nouveaux moteurs et les achats, une coopération qui devrait permettre de nouvelles économies d’échelle. Selon les analystes, Daimler tire également un avantage stratégique de la vente de Chrysler. En liquidant sa filiale américaine, qui pesait lourdement sur sa valorisation boursière, Daimler sera en effet beaucoup plus difficile à avaler pour les fonds d’investissement. “En février, avant que nous n’annoncions une vente éventuelle de Chrysler, le risque que d’autres prennent des décisions à notre place était substantiellement plus élevé qu’ajourd’hui”, a d’ailleurs reconnu M. Zetsche lundi. A cause des problèmes de Chrysler, la valeur de DaimlerChrysler avait chuté l’hiver dernier aux alentours de 42 milliards d’euros. Des rumeurs avaient couru sur le marché à Francfort, évoquant l’intérêt de fonds d’investissement pour un démantelement. |
||||
|
