Eurotunnel se démène pour sauver sa difficile OPE et éviter la faillite

 
 
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Un train Eurostar sort du tunnel sous la Manche, le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet)

[15/05/2007 17:44:09] PARIS (AFP) L’exploitant du tunnel sous la Manche Eurotunnel a du mal à rassembler le nombre d’actions nécessaires au succès de son offre publique d’échange (OPE) qui doit se clore lundi, des difficultés qui selon la direction risquent d’envoyer le groupe à la faillite.

L’AMF a autorisé mardi Eurotunnel à abaisser le seuil de réussite de l’OPE à 50% contre 60%, à la demande du groupe, qui avait déjà obtenu la semaine dernière la prolongation de l’offre.

Depuis le 10 avril, les actionnaires peuvent troquer les actions de la société actuelle, étouffée par une dette de plus de 9 milliards d’euros, contre des titres d’une nouvelle entité, restructurée et à la dette réduite, Eurotunnel SA.

Dans un entretien aux Echos mardi, le PDG Jacques Gounon évoque des “difficultés pratiques” qui retardent le bon déroulement de cette OPE et nie toute “raison de fond”.

Selon lui, plusieurs actionnaires se sont manifestés au numéro vert mis en place à l’ouverture de l’OPE, pour signaler des problèmes, notamment des dossiers émanant des banques arrivés en retard et des formulaires qui manquent de clarté.

Régulièrement, la direction avertit que l’OPE constitue la dernière chance de sauver Eurotunnel. En cas d’échec, c’est tout le plan de sauvegarde du groupe, avalisé par la justice en janvier, qui serait compromis.

Pour autant, le groupe se défend de tout “affolement” et avance le “principe de précaution”, martèle une porte-parole.

D’après la direction, 35.000 personnes avaient appelé au numéro vert à la date de dimanche soir, dont 80% se sont dits prêts à apporter leurs titres et 2% opposés, le solde étant composé d’indécis.

Pour un analyste parisien, 80% est un “très bon taux”, mais reste à savoir si les actionnaires qui appellent sont représentatifs de l’ensemble de l’actionnariat, extrêmement morcelé. Selon le groupe, 60% d’entre eux détiennent moins de 1.000 titres.

“Vous avez toujours plus de difficultés quand vous vous adressez massivement à un actionnariat individuel (plutôt qu’à) des institutionnels”, continue cet analyste, qui a souhaité rester anonyme.

Alléchés par ce qui était présenté comme “un placement de père de famille” il y a a vingt ans, les “petits porteurs” sont en effet légion. Certains ont même pu hériter de leurs proches d’actions sans le savoir, note-t-on chez Eurotunnel.

Introduit fin 1987 à 35 francs (5,34 euros), le titre a atteint 128 francs (19,51 euros) en mai 1989, avant d’entamer une chute vertigineuse à partir de 1994, l’année de l’ouverture du tunnel à la circulation.

Mardi, le titre a fini stable à 38 centimes à la Bourse de Paris, dans un marché en hausse de 0,39%.

Les deux plus gros actionnaires, Richelieu Finance et la Banque européenne d’investissement (BEI), ont certes promis d’apporter leurs titres à l’OPE mais leurs participations sont faibles: environ 4% et 2,3% respectivement.

Le groupe avait déjà évoqué des “problèmes logistiques” la semaine dernière en demandant à l’AMF de prolonger jusqu’au 21 mai la période d’ouverture de l’OPE.

Vendredi, la présidente de l’Association des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, également administrateur du groupe, a appelé une nouvelle fois les actionnaires à souscrire.

Selon la direction, le groupe compte environ 650.000 actionnaires, dont 500.000 en France, selon le dernier comptage.

Quel que soit l’avenir du concessionnaire du tunnel sous la Manche, le tunnel ne serait pas fermé. Mais les actionnaires perdraient tout.

 15/05/2007 17:44:09 – © 2007 AFP