Journée mondiale des Télécoms, entre l’ADSL et les taxiphones
A
l’instar de tous les pays, nous fêtons aujourd’hui la Journée Internationale
des Télécommunications. Et comme toutes les fêtes que nous célébrons, je
trouve toujours quelque chose à redire. C’est que je n’arrive vraiment pas à
comprendre pourquoi certains d’entre nous célèbrent une fête qui ne les
concerne pas ! Mais vu que j’ai déjà abordé cet aspect il y a quelques jours
(à l’occasion de la fête du Travail), je ne vais pas radoter. Pour cette
Journée des télécoms, je vais faire une sorte de bilan de ce que l’on avait
il y a un an et de ce que l’on a aujourd’hui.
Auparavant, et pour faire comme beaucoup de mes confrères, je dirais que le
ministère de tutelle va organiser une conférence à l’occasion (et à laquelle
il ne m’a pas invité afin que je ne mêle pas de ce qui ne me regarde pas,
d’après ce que j’ai pu comprendre), et a invité tous les publinets à
ouvrir leurs portes gratuitement au public.
Voilà qui est dit, je passe maintenant à mon bilan.
Il y a un, c’est-à-dire lors de la Fête des télécoms de 2005, je n’avais pas
d’ADSL chez moi. Aujourd’hui j’en ai. Chaque mois, mon budget est amputé de
45 dinars pour cette ligne 256 et je croyais (bête comme je suis) obtenir
une connexion égale à au moins 200 kilos. Va même pour 150 kilos. Eh bien
non ! On me dit que ces 256 sont théoriques et que je dois partager ce débit
avec mes voisins. De quoi me faire regretter toute la pub gratuite faite
dans mon quartier à mon FSI ! Je paie donc les 45 dinars, mais côté débit,
je ne suis pas loin des 33 kilos que j’avais lorsque je me connectais avec
une carte de cinq dinars prépayée.
L’argument que des officiels m’ont présenté pour justifier cette qualité
catastrophique du réseau prête à rire. C’est que le FSI, dit-on, a une bande
passante préalablement définie et limitée par l’ATI quel que soit le nombre
de ses abonnés. En clair, plus le FSI a d’abonnés, plus ces abonnés sont
mécontents ! L’ATI se moquera éperdument, en sorte, que ces abonnés soient
fâchés ou frustrés, si elle donne 10 gigas au FSI, il doit se débrouiller
avec ! Il n’a qu’à ne pas faire trop de promos pour augmenter ses abonnés ! C’est l’ATI qui décide et il n’y a pas à discuter.
Au passage, ce serait radoter encore, il est inutile de vous dire c’est quoi
l’ATI. Cet organisme qui n’existe nulle part ailleurs et par lequel tous les
FSI passent pour obtenir un passage à l’international ! S’il n’existait pas,
nous nous devions de l’inventer ! Voilà qui est fait !
Autre comparatif à l’année 2006, les taxiphones. Vous connaissez ces
boutiques publiques où l’on trouve des appareils téléphoniques de couleur
bleue dans lesquels on met une pièce ! Depuis la démocratisation des GSM,
ces boutiques galèrent apparemment et n’ont plus suffisamment de clients.
Ils ont réclamé, entre autres, le monopole de la vente des cartes de
recharge. Ce que le ministère, heureusement, ne leur a pas donné. Mais, pour
les aider, on leur a concocté un cahier des charges dont une des
spécificités m’a laissé bouche bée.
Il paraît que désormais pour pouvoir ouvrir un taxiphone, il faut que l’on
ait un niveau d’enseignement supérieur d’au moins deux ans après le bac.
Pour ne pas dire maîtrise ! Il faudrait également être présent dans sa
boutique durant toutes les heures d’ouverture. Et si l’on dépasse un certain
nombre d’appareils, il faudrait avoir un adjoint et cet adjoint doit
également avoir un niveau supérieur ! C’est-à-dire qu’il faut connaître
parfaitement la physique, la chimie, l’anglais, les maths, l’informatique,
la gestion et que sais-je encore… pour donner de la monnaie aux clients ! Je
crois rêver ! Cette exigence de niveau et de présence physique, je ne l’ai
trouvée que chez les pharmaciens !
En clair, après un certain nombre d’années d’études et si, au moment de
l’orientation, on vous a envoyé en faculté de pharmacie ou en faculté de
sociologie, vous pouvez être «taxiphonien» ou pharmacien ! Désormais, sur le
plan de la réussite sociale, un taxiphone et une pharmacie, c’est kif kif !
Je vois bien cette mère de famille dire à sa voisine : mes enfants ont
réussi brillamment, l’un a ouvert un taxiphone, l’autre a ouvert une
pharmacie ! Non, mais sans blague ?!