Le président Sarkozy fait de l’avenir d’EADS une de ses priorités

 
 
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Le co-président d’EADS et président de sa filiale Airbus Louis Gallois quitte le Palais de l’Elysée, le 17 mai 2007 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[17/05/2007 20:51:47] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy affiche comme une de ses priorités l’avenir du groupe EADS et d’Airbus, un dossier qui empoisonne les relations entre la France et l’Allemagne depuis plusieurs mois et dont la solution passe par une réforme de l’actionnariat et de la gouvernance.

Quelques heures après son investiture, à l’occasion de sa première rencontre en tant que chef de l’Etat avec la chancelière Angela Merkel, M. Sarkozy a présenté mercredi ce dossier comme la “deuxième urgence” entre les deux pays, après la relance de l’Europe.

Jeudi, Louis Gallois, coprésident d’EADS et président de sa filiale à 100% Airbus, a été reçu à l’Elysée. Et vendredi, le président de la République se rendra à Toulouse, au siège de l’avionneur européen Airbus.

Pendant la campagne électorale, M. Sarkozy avait évoqué une refonte de l’actionnariat d’EADS, en souhaitant de “vrais actionnaires”. Sans évoquer aucun nom, il avait plaidé pour “l’entrée de nouveaux actionnaires privés”, des “financiers” mais aussi un “industriel pour piloter la boîte”.

Jeudi, le coprésident allemand d’EADS Tom Enders s’est montré sensible à cette proposition: “Les partenaires industriels ont été les constituantes les plus importantes de notre actionnariat”, a-t-il dit, à Washington.

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Le capital d’EADS

Il a toutefois jugé qu’il était “trop tôt” pour se prononcer sur l’impact de l’élection de M. Sarkozy sur l’avenir d’EADS: “Nous allons voir”, a-t-il déclaré.

Les retards du programme d’avion géant A380 ont révélé l’an dernier une grave crise au sein du groupe d’aéronautique et de défense, présenté lors de sa création en 2000 comme un symbole de l’Europe industrielle mais miné très rapidement par les rivalités franco-allemandes.

Annoncé dans la foulée, le plan de restructuration Power8, qui prévoit 10.000 suppressions d’emplois chez Airbus dont 4.300 en France et 3.700 en Allemagne, a avivé les tensions entre les deux pays sur le partage des efforts à consentir. M. Sarkozy avait d’ailleurs déclaré en avril qu’il ne se sentait “pas tenu” par ce plan.

Le capital d’EADS est réparti actuellement entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec d’un côté Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%) et l’Etat français (15%), de l’autre DaimlerChrysler (15%) et un consortium d’investisseurs (7,5%) incluant des Lander allemands.

Mais en vertu du pacte d’actionnaires signé il y a sept ans, ce sont les deux groupes privés qui détiennent le pouvoir de décision. Cette gouvernance atypique, de surcroît pour un groupe coté en Bourse, apparaît de moins en moins tenable alors que Lagardère et Daimler ne cachent pas leur volonté de continuer à se désengager.

Or EADS doit mobiliser plus de 6,3 milliards d’euros pour compenser les pertes dues aux retards de l’A380, et 10 milliards d’ici à 2013 pour développer le futur long courrier A350 XWB.

L’autre objet de conflit est le sacro-saint équilibre franco-allemand. La direction bicéphale d’EADS, dénoncée de façon récurrente comme une cause de dysfonctionnement, a été à peine écornée avec le cumul par Louis Gallois de la coprésidence exécutive d’EADS et la présidence d’Airbus.

Mais tout changement d’actionnariat, du pacte et de la gouvernance passe par un accord au plus haut niveau entre les deux pays. Paris et Berlin, sans vouloir s’impliquer dans la gestion, sont très attachés à la défense de leurs intérêts au sein d’une entreprise qui opère dans deux secteurs stratégiques –l’aéronautique civile et la défense– et emploie plus de 100.000 personnes.

 17/05/2007 20:51:47 – © 2007 AFP