[17/05/2007 11:17:04] NEW YORK (AFP) Le cybermarchand Amazon va lancer un site de vente de musique sans système de protection anti-copie des morceaux, rejoignant ainsi les rares ténors de la musique et du commerce en ligne favorables à cette plus grande liberté d’usage, qui facilite toutefois aussi le piratage. Amazon doit lancer dans le courant de l’année ce service libre du système anti-copie dit DRM, une première pour un distributeur. Amazon a déjà conclu des accords avec plus de 12.000 petits labels et une major du disque, la britannique EMI. “Les morceaux sans DRM vendus sur Amazon rendront l’internaute libre d’écouter ses morceaux sur n’importe quel appareil –un PC, un Mac, un iPod (Apple), un Zune (Microsoft) ou encore un Zen (Creative)– comme de les graver sur un CD pour son usage personnel”, clame Amazon. Le projet repose sur un point central: supprimer la protection DRM, qui restreint l’usage d’un morceau à un appareil ou un logiciel spécifique, comme par exemple les couples indissociables iTunes/iPod ou Zune/Marketplace. Ce système empêche de facto les consommateurs de copier sur d’autres supports les morceaux qu’ils téléchargent légalement sur internet. La technologie DRM –Digital rights management– s’est imposée dans l’industrie du cinéma et de la musique depuis la fin des années 90 pour protéger les droits des oeuvres numériques, alors que le piratage sur internet devenait un véritable phénomène de société au niveau mondial. Sans surprise, plusieurs organisations de défense du consommateur sont déjà parties en campagne contre le DRM, qualifié de “Big brother” surveillant l’internaute, mais aussi jugé anti-concurrentiel par les acteurs minoritaires du secteur. Plus surprenant a été la récente prise de position d’Apple, leader incontesté de la musique numérique avec plus de 70% du marché, en faveur de la suppression des DRM. Son PDG Steve Jobs a appelé en février les maisons de disque à supprimer cette technologie de leurs catalogues. Initiateur du projet, Apple n’est pourtant pas aujourd’hui l’acteur de premier plan dans ce domaine, fait remarquer Carmi Levy, analyste chez Infotech Research. “Jobs n’a pas pris beaucoup de risques en prônant une industrie libérée des DRM. C’est dans l’intérêt d’Apple en termes d’image de clamer l’idée mais de laisser ensuite les maisons de disque décider”, explique-t-il, citant par ailleurs EMI comme une major du disque “avant-gardiste”. Cette dernière est actuellement la première et seule major à proposer son catalogue sans DRM, dont profitent iTunes et d’autres disquaires en ligne. Dans ce contexte, l’initiative d’Amazon est jugée positivement par plusieurs analystes, car “le service va doper le trafic internet et la visibilité du site”, résume Colin Sebastian, de la banque Lazard. L’analyste est plus circonspect en termes de revenus additionnels –Amazon n’a pas livré de tarifs–, mais évoque l’occasion pour le groupe “de mieux se positionner sur le marché de la musique en ligne”. Si EMI voit dans la suppression des DRM “un grand pas en avant pour répondre au manque actuel d’interopérabilité” entre les sites de vente de musique et les baladeurs de musique, c’est aussi “une porte ouverte pour plus de piratage”, reconnaît M. Levy. Dans un contexte où le piratage “évolue vite”, l’industrie de la musique numérique doit “cesser d’être conservatrice” et “être créative, réfléchir à de la valeur ajoutée”, selon cet analyste. “C’est déjà ce que propose EMI”, explique-t-il: “les morceaux sans DRM sont un peu plus chers, 1,29 dollar, et d’une qualité supérieure aux morceaux restreints par le DRM, à 99 cents”. Dans la perspective d’une lutte intelligente contre le piratage, plusieurs modèles économiques vont coexister, estime M. Levy, qui cite le choix de la maison de disque Warner Music de proposer du téléchargement légal et gratuit, car financé par la publicité. |
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