[18/05/2007 13:38:58] PARIS (AFP) Le rattachement de l’Emploi au ministère de l’Economie sous la houlette de Jean-Louis Borloo, et la séparation entre Economie et Budget, sont jugés pertinents par les économistes qui y voient le gage d’une meilleure efficacité de l’action publique. Même si l’intitulé un temps évoqué d’un “ministère de la Stratégie économique et de l’emploi” n’a finalement pas été retenu, ce redécoupage révèle un changement d’optique. Ainsi, le ministère du Travail est préservé et conserve tous les sujets relatifs au droit du travail ou encore au service minimum. Mais l’emploi passe de la sphère sociale à la sphère économique. Pour Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, un tel rapprochement est justifié puisqu’on “n’arrête pas de dire que notre priorité économique, c’est de régler le problème du marché de l’emploi”. Le nouveau titulaire du poste, Jean-Louis Borloo, jusqu’alors en charge de l’Emploi, faisait campagne depuis longtemps pour que cette logique prévale. Xavier Timbeau, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), trouve lui aussi ce type de découpage “largement pertinent”, tout en relevant que “le problème du chômage en France ne se réduit pas à savoir quel est le ministère qui s’en occupe”. Le nouveau ministère, selon une source proche de Bercy, devrait aussi regrouper le Commerce extérieur et le Trésor, la participation de l’Etat dans les entreprises publiques (notamment du secteur de l’énergie), les PME et le tourisme, mais aussi la politique fiscale. Parallèlement, la création d’un ministère du Budget, des comptes publics et de la Fonction publique, portefeuille attribué à Eric Woerth, suscite aussi des réactions positives. “C’est très sain de distinguer” les comptes et la stratégie économique car “il y a un budget qui doit être voté et il faut que tous les ministères, y compris celui de l’économie, s’y plient”, estime Nicolas Bouzou, du cabinet d’études sectorielles Asterès. Le fait qu’un seul ministère ait en charge le budget de l’Etat et les comptes de Sécurité sociale répond à “une logique profonde”, souligne Michel Bouvier, économiste à Paris-I, qui rappelle qu’on est “poussé par l’Union européenne à réunir l’ensemble des composantes des finances publiques”. Bruxelles prend en effet en compte le déficit et la dette publique de ses Etats membres sous leur forme consolidée, c’est-à-dire regroupant à la fois les comptes des administrations de l’Etat, des organismes de sécurité sociale et des collectivités locales. Quant à l’élargissement de ce ministère à la fonction publique, dont M. Woerth a déjà eu la charge, il ne devrait pas manquer de susciter des inquiétudes, notamment syndicales. Il illustre en effet la promesse de campagne de Nicolas Sarkozy de faire des économies budgétaires en réduisant le nombre de fonctionnaires. Pour M. Bouzou, le nouveau découpage “va permettre de rationaliser la dépense publique”, ne serait-ce qu’en évitant des doublons dans les équipes techniques. Il cite le rapprochement entre PME et commerce extérieur, “sachant que les deux problématiques sont liées, puisque ce sont les PME qui ont du mal à exporter”. Cette rationalisation, “c’est ce que les entreprises du secteur privé connaissent depuis 20 ans. Cela ne va pas être agréable pour tout le monde, mais il fallait en passer par là”, estime-t-il. Pour M. Timbeau toutefois, tout dépendra de la profondeur des remaniements, car “si vous changez les ministres mais pas les directions qui en dépendent, cela ne changera pas grand chose à l’administration d’ensemble”. |
||
|