[18/05/2007 21:57:58] TOULOUSE (AFP) Nicolas Sarkozy, pour son premier déplacement de chef de l’Etat en province, a multiplié vendredi à Toulouse les annonces sur le dossier Airbus, qu’il juge prioritaire, mais sans convaincre totalement les syndicats, notamment sur l’avenir du site de Méaulte (Somme). Devant les syndicats de l’entreprise, il a annoncé que l’Etat répondra présent en cas d’augmentation de capital de la maison mère EADS et estimé que le pacte d’actionnaires devait être revu, promis une réunion à Toulouse avec la chancelière allemande Angela Merkel et l’interdiction des indemnités de départ garanties des grands patrons. “Je vais mettre les pieds dans le plat: le pacte d’actionnaire de 2000 ne peut pas continuer en l’état”, a déclaré M. Sarkozy, demandant: “comment voulez-vous faire entrer de nouveaux actionnaires dans un pacte quand ils auront le droit de payer mais pas de parler?”. Cet engagement a reçu l’assentiment des syndicats, qui se sont dits “absolument satisfaits”, jugeant nécessaire de “sortir de cette situation inextricable”.
Le capital d’EADS est réparti principalement entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%) et l’Etat français (15%), Daimler (15%) et un consortium d’investisseurs (7,5%) incluant des Länder allemands. Mais en vertu du pacte d’actionnaires signé il y a sept ans, ce sont les groupes privés qui détiennent le pouvoir de décision. Cette gouvernance atypique apparaît de moins en moins tenable alors que Lagardère et Daimler entendent se désengager. M. Sarkozy a assuré que “l’Etat français fera son devoir s’il doit y avoir une augmentation de capital”, alors qu’Airbus, en crise, prévoit 10.000 suppressions d’emploi. Profitant de l’occasion pour renouveler sa confiance à Louis Gallois, coprésident d’EADS et président d’Airbus, présent à ses côtés comme le nouveau ministre de l’Economie Jean-Louis Borloo, M. Sarkozy a annoncé la tenue d’une réunion “début juillet” à Toulouse avec Mme Merkel, puis d’une réunion “de travail à quatre”, comprenant Daimler, Lagardère et les Etats français et allemand.
Il s’est également engagé au maintien du site EADS de Méaulte, menacé de cession, tout en envisageant cependant une participation de l’entreprise Latécoère. “Méaulte, on le garantit”, a-t-il martelé, précisant que M. Borloo “disposera des moyens pour apporter le financement” nécessaire. “Si Latécoère trouve les moyens, 500 millions d’euros, pour créer une joint-venture avec Airbus (…) pour moi, franchement, c’est pas un problème”, a indiqué le chef de l’Etat. Mais pour les syndicats, qui doivent en rediscuter la semaine prochaine avec M. Borloo, “externaliser Méaulte, c’est casser la structure du groupe Airbus”, selon l’expression de Jean-François Knepper, coprésident (FO, majoritaire) du comité d’entreprise européen d’Airbus. “Nous ne laisserons pas faire sur cette question”, a-t-il prévenu. Le chef de l’Etat s’est aussi prononcé pour l’interdiction des “parachutes dorés”, indemnités de départ garanties des grands patrons, précisant que M. Borloo “déposera un texte” sur “l’éthique et la moralisation” cet été. Evoquant “un texte sur l’éthique et la moralisation”, M. Sarkozy a “souhaité qu’on puisse rendre illégale la pratique des +golden parachutes+”, sans préciser s’il s’agissait d’une interdiction totale, de conditions d’attribution ou d’une limitation des montants. “Deux poids deux mesures, c’est malhonnête, c’est injuste. Dans une entreprise dans laquelle l’Etat est actionnaire, il doit y avoir des règles éthiques plus marquées qu’ailleurs”, a-t-il souligné en référence à EADS, dont l’Etat détient 15% du capital. En avril, M. Sarkozy avait annoncé qu’il ferait voter une loi “dès l’été 2007” pour faire interdire ce qu’il nommait “la pratique détestable” des parachutes dorés. L’ex-coprésident exécutif d’EADS, Noël Forgeard, est part avec des indemnités de plus de 8 millions d’euros. Et la polémique a rebondi après des informations selon lesquelles le directeur général délégué d’EADS, Jean-Paul Gut, visait une indemnité d’au moins 12 millions d’euros. |
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