[19/05/2007 14:25:19] POTSDAM (AFP) Les pays du G8 se sont inquiétés samedi de voir l’Afrique retomber dans le piège du sur-endettement après les efforts des dernières années, pointant implicitement du doigt la responsabilité de la Chine, alléchée par les formidables ressources naturelles du continent. Réuni pendant deux jours à Potsdam près de Berlin, au niveau des ministres des Finances, le forum des huit pays les plus industrialisés a appelé de ses voeux la création d’une “charte internationale du prêt responsable” pour éviter les dérapages. Les ministres ont précisé dans un communiqué chercher à ce sujet “à impliquer d’autres parties, dont le G20”, un forum incluant pays riches et grandes économies émergentes, au premier rang desquelles la Chine. Si Pékin n’est pas nommément montré du doigt dans le texte, l’Allemagne, qui assure cette année la présidence tournante du G8, s’est chargée de le faire par oral. “Nous observons qu’il y a un intérêt grandissant de la Chine pour les ressources africaines”, ce qui la conduit “à recommencer ce à quoi précisément nous (les pays riches, ndlr) voulions mettre un terme avec notre programme d’allègement de la dette, à savoir un sur-endettement des pays africains”, a critiqué le ministre des Finances Peer Steinbrück, hôte de la réunion. “Cela ne correspond pas du tout aux critères que nous avons édictés”, a-t-il regretté lors d’une conférence de presse. Les Occidentaux, qui ont promis il y a deux ans d’effacer 35 milliards de dollars de dette des pays les plus pauvres, s’irritent de voir la Chine investir massivement sur le continent noir et prêter généreusement des fonds, sans être trop regardant ni sur la capacité des pays à rembourser, ni sur la nature des régimes politiques. Au Soudan, la Chine est ainsi soupçonnée de fermer les yeux sur le rôle de Khartoum dans le drame du Darfour pour pouvoir mieux profiter des ressources énergétiques du pays. A Potsdam, le secrétaire adjoint au Trésor américain, Robert Kimmitt, a appelé à “maintenir un niveau d’endettement supportable dans les pays les plus pauvres”, regrettant que la ligne de conduite de certains créanciers “particulièrement en Afrique, menace de réduire à néant les succès difficilement obtenus grâce aux récents programme d’allègement de la dette”. Le débat autour de l’opportunité de contrôler les fonds spéculatif, dont le poids grandissant inquiète, a été l’autre grand thème de cette réunion, préparatoire au sommet des chefs d’Etat du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Canada, France et Russie). Mais l’Allemagne ne parvient pas à imposer son idée d’un code de bonne conduite du secteur, car les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui abritent l’essentiel de ces investisseurs financiers, prônent une auto-régulation. M. Kimmitt a jugé que les hedge funds jouaient un “rôle important” dans le bon fonctionnement des marchés financiers. Les ministres des Finances ont été en revanche sur la même longueur d’onde pour estimer que la croissance mondiale restait “solide” et que les risques de ralentissement ont “diminué”. Ils se sont toutefois dits “inquiets” des prix élevés de l’énergie”, au moment où les cours du pétrole remontent vers leur niveau record. Le forum a aussi rendu hommage à Paul Wolfowitz, contraint à la démission de la Banque mondiale à la suite d’une affaire de favoritisme. Les Européens ont clairement laissé le champ libre aux Etats-Unis pour choisir son successeur, préférant éviter une nouvelle polémique qui aurait envenimé les relations de part et d’autre de l’Atlantique. |
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