[19/05/2007 16:38:26] POTSDAM (AFP) Les pays du G8 ont laissé samedi le champ libre aux Etats-Unis pour choisir le successeur de Paul Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale (BM), de crainte d’ouvrir un conflit avec Washington où les Européens auraient autant à perdre que les Américains. Lors d’une réunion des ministres des Finances du forum des pays riches à Potsdam, le ministre allemand Peer Steinbrück s’est dit en faveur du maintien de “la procédure traditionnelle” et d’une “priorité aux Etats-Unis” pour la désignation du futur président de la Banque. La France, de son côté, ne souhaite pas “profiter des événements malheureux” au sein de l’institution chargée d’aider les pays pauvres pour “modifier l’équilibre résultant des accords de Bretton Woods”, qui ont donné naissance à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI), a indiqué samedi une source européenne proche du G8. Il ne serait pas “opportun” pour la France “d’engager un conflit avec les Etats-Unis sur ce sujet”, a-t-elle précisé. Le Japon, deuxième contributeur de la Banque derrière les Etats-Unis, s’est également prononcé pour le statu quo. Paul Wolfowitz, qui quittera la présidence de la BM fin juin, était accusé de népotisme pour avoir ordonné personnellement une importante promotion en faveur de sa compagne, employée par l’institution. Depuis la naissance du FMI et de la BM en 1944, la tradition veut que les Etats-Unis se réservent la présidence de la Banque mondiale et les Européens celle du Fonds monétaire international (actuellement dirigé par l’Espagnol Rodrigo Rato). Mais plusieurs voix se sont élevées ces dernières semaines pour dénoncer ce duopole, comme celle du ministre néerlandais du Développement Bert Koenders, pour qui “de nouvelles puissances (…) veulent faire entendre leur voix” dans un monde qui a “beaucoup changé” depuis 1944. Si bien qu’attaquer la prééminence des Américains pourrait revenir pour les Européens à ouvrir une dangereuse boîte de Pandore et déclencher une offensive des pays émergents ou des “petits” pays, à la fois pour la présidence de la Banque mondiale et la direction du FMI. Les émergents pèsent de plus en plus lourd dans l’économie et la géopolitique mondiale et font pression pour être mieux représentés au sein des institutions multilatérales. Le FMI est déjà en train de mener une importante réforme visant à donner plus voix au chapitre à ces pays, et l’OCDE a annoncé cette semaine sa volonté de s’ouvrir à plus ou moins longue échéance à la Chine, au Brésil et à Inde. Si le statu quo est de mise dans l’immédiat, les Européens n’ont pas exclu, à plus long terme, de remettre en question cet équilibre des pouvoirs, qui pourrait faire “l’objet de discussions” à plus longue échéance “dans le cadre d’une réforme nécessaire de la Banque mondiale”, a ainsi fait valoir la source européenne. “Je ne peux rien dire aujourd’hui”, sur “ce qui ce passera dans quelques années ou quelques décennies” à la tête de la BM, a souligné M. Steinbrück. Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson, qui cherche un successeur à M. Wolfowitz, n’a officiellement pas totalement exclu de nommer un non-Américain. Mais son adjoint Robert Kimmit, qui le représentait à Potsdam, a rappelé samedi que “la tradition” d’avoir un Américain à la tête de la BM “avait bien servi le monde” et que les Américains ne voyaient “aucune raison” d’en changer. M. Kimmit est d’ailleurs cité comme l’un des possibles successeurs de M. Wolfowitz, aux côté de l’ex-représentant au Commerce Robert Zoellick, favori, ou de Paul Volcker, ancien président de la Fed. |
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