Eurotunnel : l’OPE cruciale se termine mais le suspense continue

 
 
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Carte, chiffre d’affaires et actionnariat d’Eurotunnel.

[21/05/2007 16:45:55] PARIS (AFP) L’avenir d’Eurotunnel se jouait lundi avec la clôture de sa difficile offre publique d’échange (OPE) destinée à sauver l’exploitant du tunnel sous la Manche de la faillite par la création d’un nouveau groupe restructuré et moins endetté.

Les actionnaires français, britanniques et belges avaient jusqu’à 17H30 (15H30 GMT) pour transmettre leurs ordres à leurs banques par téléphone, fax ou en se rendant dans leur agence: c’est la date de réception physique des demandes qui fait foi et non le cachet de la Poste.

Va alors s’enclencher un long processus de centralisations et comptage des titres. Ce n’est que le 4 juin que l’Autorité des marchés financiers (AMF) informera le groupe et le public du résultat de l’opération.

On saura alors si le seuil nécessaire de 50% de titres apportés a été atteint.

Avec cette OPE, les quelque 650.000 actionnaires d’Eurotunnel, étouffé par une dette de plus de 9 milliards d’euros, sont incités à troquer leurs titres, qui ne valent plus que quelques centimes, contre des actions d’un nouveau Groupe Eurotunnel, GET SA.

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Présentation des résultats financiers 2005-2006 d’Eurotunnel le 7 mars 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

En cas de succès, GET pourra poursuivre son activité, débarrassé de plus de la moitié de se dette, qui a été ramenée à 4,16 milliards d’euros après d’âpres tractations entre la direction et ses créanciers, des fonds d’investissement et des banques.

En échange de cet effort financier, les créanciers devraient récupérer une grosse part du capital. Quant aux actionnaires, ils devraient se voir réduits à la portion congrue.

Certains “petits porteurs” ont bruyamment exprimé leur mécontentement, s’estimant une nouvelle fois “spoliés” après avoir vu leur “placement de père de famille” fondre en Bourse comme neige au soleil.

Introduit fin 1987 à 35 francs (5,34 euros), le titre a atteint 128 francs (19,51 euros) en mai 1989, avant d’entamer une dégringolade à partir de 1994, l’année de l’ouverture du tunnel à la circulation.

Lundi, le titre, qui a connu des échanges plus soutenus qu’à l’habitude depuis deux semaines à la Bourse de Paris, a perdu 3 centimes à 37 centimes d’euros (-7,50%).

Mais les actionnaires n’ont guère le choix. En cas d’échec de l’OPE, le plan de sauvegarde de l’entreprise, avalisé par la justice en janvier, ne pourrait être mené à bien. Eurotunnel resterait en l’état incapable de faire face à ses dettes accumulées depuis 20 ans, en raison d’un financement entièrement privé et de prévisions de trafic très au dessus de la réalité.

La direction le martèle depuis des mois: le concessionnaire du tunnel serait alors contraint à la faillite. Mécaniquement, les actionnaires perdraient toute chance de récupérer ne serait-ce qu’une partie de leur mise.

Pourtant, malgré les appels répétés du PDG Jacques Gounon, les spots publicitaires et les encarts dans les journaux, la réussite de l’OPE, ouverte le 10 avril, est très incertaine.

Selon la direction, de nombreux actionnaires ont fait part de difficultés: dossiers en retard, manque d’explications des banques, formulaires incompréhensibles. Certains ont pu hériter de titres sans le savoir, d’autres, écoeurés, peuvent rechigner à “aider” Eurotunnel.

Quoiqu’il arrive, le tunnel sous la Manche ne serait évidemment pas fermé. Il est prévu que les banques créancières se “substituent” à la société défaillante et confient l’exploitation à un nouveau groupe.

 21/05/2007 16:45:55 – © 2007 AFP