[20/05/2007 21:23:21] MUNICH (AFP) Le conglomérat Siemens a choisi dimanche pour patron l’Autrichien et spécialiste de la pharmacie Peter Löscher, un recrutement en externe très inhabituel pour le groupe allemand démontrant la volonté d’en finir avec les scandales de corruption. M. Löscher “a été nommé par le conseil de surveillance lors d’une réunion extraordinaire”, a indiqué le groupe dans un communiqué. Cet homme de 49 ans, dirigeant de la division “Global Human Health” du laboratoire américain Merck, prendra ses nouvelles fonctions le 1er juillet. Le président du conseil de surveillance Gerhard Cromme vante dans un communiqué “sa bonne réputation internationale, sa grande expérience en matière de stratégie, de questions financières et technologiques”, mais surtout sa “droiture.” Le patron désigné de Siemens a quant à lui déclaré dimanche que sa nomination était “un honneur” et qu’il comptait “tout faire, avec tous les salariés, pour faire progresser encore l’entreprise.” Peter Löscher remplacera Klaus Kleinfeld, 49 ans, victime, malgré des résultats financiers étincelants, d’une opération mains propres contre les administrateurs de Siemens, tout comme Heinrich von Pierer, ancien patron devenu président du conseil de surveillance du groupe. Alors que Klaus Kleinfeld était un pur produit de Siemens, son remplacement par un homme neuf extérieur au groupe, une décision inhabituelle pour la très traditionnelle maison de Munich (sud), illustre la volonté de rupture du conglomérat. Pas de risque en effet que Peter Löscher ait trempé dans l’une des multiples affaires de corruption qui agitent l’entreprise depuis plusieurs mois. Selon le magazine Focus citant des sources judiciaires, au moins trois milliards d’euros de paiements frauduleux auraient été décomptés chez Siemens, dont un milliard de pots-de-vin versés par la seule branche des télécommunications du groupe, qui fabrique aussi bien des centrales électriques que des trains. La quête d’un nouveau patron par les deux hommes forts du conseil de surveillance, Gerhard Cromme et le patron de Deutsche Bank Josef Ackermann, n’a pas été de tout repos. Ils ont notamment essuyé le refus de celui que toute la presse donnait favori: Wolfgang Reitzle, patron du spécialiste des gaz industriels Linde. Cet échec a alimenté les critiques des analystes et des commentateurs sur la vacance du pouvoir chez Siemens alors que le groupe a des dossiers épineux à gérer, comme par exemple la mise en Bourse de sa grande division d’équipements automobiles VDO. “Nous espérons que la crise de direction est enfin derrière nous”, a déclaré dimanche le vice-président du syndicat de branche IG Metall, Berthold Huber, qui a assuré que M. Löscher avait déjà discuté avec les représentants du personnel. Il aurait promis de “ne pas tailler à la hache en Allemagne”, alors que son prédécesseur s’était illustré par des restructurations socialement douloureuses, a dit M. Huber. Tout en saluant aussi le renouveau symbolisé par le nouveau patron, l’association de petits actionnaires DSW a jugé que M. Löscher pourrait avoir des difficultés à s’imposer en interne dans une entreprise “qui a toujours été très fermée sur elle-même.” Siemens a par ailleurs annoncé dimanche la nomination à son directoire de Heinrich Hiesinger, 46 ans. Il remplace Johannes Feldmayer, ancien chef des activités européennes de Siemens, qui est dans le collimateur de la justice pour une tentative présumée de soudoyer un petit syndicat indépendant. |
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