[21/05/2007 13:58:08] BERLIN (AFP) La nomination d’un parfait inconnu à la tête du conglomérat Siemens, secoué par des affaires de corruption, était applaudie lundi, mais les observateurs soulignaient que Peter Löscher aura besoin de temps pour s’imposer en interne dans une maison pétrie de tradition. “C’est la première fois de son histoire que Siemens recrute en externe”, souligne auprès de l’AFP Michael Bahlmann, analyste de la société MM Warburg, à propos de cet Autrichien de 49 ans au profit international, venu du monde de la pharmacie et nommé dimanche par le conseil de surveillance de Siemens. M. Löscher a signé un contrat de 5 ans, a précisé lundi un porte-parole de Siemens. “C’est un choc culturel” pour l’entreprise, estime Jürgen Kurz, porte-parole de l’association de petits actionnaires DSW, interrogé par l’AFP. Les administrateurs du groupe technologique ont réussi “une surprise géniale” avec cette nomination, juge l’universitaire Manuel René Theisen, cité lundi par le Handelsblatt. Jamais le nom de M. Löscher, dernièrement dirigeant des activités pharmaceutiques du géant américain Merck, n’avait filtré dans la presse qui ne tarissait pourtant pas d’idées sur le successeur potentiel de Klaus Kleinfeld, patron sortant qui avait jeté l’éponge le 25 avril. Le Financial Times Deutschland raconte la légère panique qui a soufflé sur les journalistes présents dimanche après-midi devant l’imposant siège de Siemens en plein Munich, lorsque de lourdes portes de bois se sont ouvertes sur un inconnu aux cheveux grisonnants et au sobre costume sur-mesure. De “l’homme que personne ne connaissait” (Süddeutsche Zeitung), l’Allemagne sait désormais qu’il parle quatre langues, est marié à une Espagnole, est père de trois enfants né aux Etats-Unis et que son équipe de foot préférée est le FC Barcelone, sauf s’il décide de prendre les couleurs du club local, le Bayern Munich. Pour Siemens, secoué par des affaires de caisses noires qui selon les dernières informations de presse pourraient représenter jusqu’à trois milliards d’euros, “le grand avantage de M. Löscher est qu’il arrive vierge de tout soupçon”, juge M. Bahlmann. Autre atout: son profil très international et en particulier son expérience américaine chez General Electric, souvent en concurrence avec Siemens. Le passage de M. Löscher dans une entreprise américaine a un avantage particulier: il a été confronté à la redoutable autorité boursière américaine, la SEC. Or cette dernière vient d’ouvrir une enquête formelle sur les problèmes de corruption chez Siemens. Enfin, l’Autrichien est un spécialiste du domaine pharmaceutique, une aubaine pour Siemens qui veut se développer dans les équipements médicaux. Le conglomérat industriel fait toutefois aussi des trains, des centrales électriques ou encore offre des services financiers, autant de domaines nouveaux pour Peter Löscher. “C’est une entreprise extrêmement complexe avec une dizaine d’activités différentes, il lui faudra du temps pour la connaître”, souligne Michael Bahlmann. Sans compter que ce recrutement surprise risque de froisser au sein d’une entreprise pétrie de traditions, véritable patrimoine de l’industrie allemande: “Il faut attendre de voir comment M. Löscher sera accepté”, souligne l’analyste de MM Warburg. “Il n’a jamais été patron d’une entreprise, il s’attaque à une lourde tâche”, juge Jürgen Kurz, de la DSW, selon qui le nouveau patron “aura besoin de temps pour se faire respecter en interne.” Cependant, souligne M. Kurz, M. Löscher “prend les rênes dans de très bonnes conditions”, sur fond de résultats financiers brillants hérités de son prédécesseur, et n’aura pas à faire de restructurations impopulaires. |
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