L’appétit du géant bancaire Unicredit pourrait accélérer la course à la taille en Europe

 
 
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Alessandro Profumo, PDG d’Unicredit, le 8 novembre 2006 à Rome (Photo : Patrick Hertzog)

[21/05/2007 14:09:33] MILAN (AFP) Le géant bancaire italien Unicredit va s’accorder le temps d’absorber son compatriote Capitalia mais son appétit reste intact et alimente les spéculations sur de nouvelles concentrations en Europe, Société Générale figurant parmi les principales cibles en vue.

Le nouveau numéro un de la zone euro a reconnu qu’un peu de temps serait nécessaire pour intégrer Capitalia mais il garde la Société Générale dans sa ligne de mire, la banque française ayant déjà discuté avec Unicredit et reconnu qu’un rapprochement serait “intelligent”.

“Il ne faut jamais dire jamais. Maintenant, nous avons besoin d’un peu de temps pour l’intégration avec Capitalia. Ensuite, nous verrons”, a dit l’administrateur délégué (patron exécutif) d’Unicredit, Alessandro Profumo, au quotidient économique Il Sole-24 Ore lundi.

Le titre Société Générale prenait 3% à 149,76 euros vers 11H00 GMT.

“Une opération avec Société Générale est souhaitable”, a indiqué le nouveau vice-président du groupe italien, Cesare Geronzi, au quotidien La Repubblica. “La croissance à l’étranger ne sera pas ralentie ou limitée par la fusion”, a-t-il ajouté devant les analystes.

Le rachat de Capitalia par Unicredit, sauf improbable contre-offre, créé un deuxième géant en Italie, aux côtés d’Intesa Sanpaolo né à l’été 2006.

Cette opération achève pratiquement une concentration déclenchée il y a environ un an et demi par l’arrivée d’opérateurs étrangers dans le pays et les pressions du nouveau gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi, en faveur d’un regroupement entre établissements nationaux.

“L’Italie a maintenant deux champions capables de jouer à l’échelle mondiale et nous pensons qu’Unicredit pourrait s’appuyer sur son poids, 100 milliards d’euros de capitalisation, pour être encore plus agressif dans son expansion”, écrivent les analystes de Deutsche Bank.

Une seule banque nationale reste esseulée dans le pays, à savoir la plus vieille banque du monde Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), contrôlée par une fondation bancaire qui s’est dite ouverte à des accords.

La presse italienne a évoqué pendant le week-end un éventuel accord avec l’espagnol BBVA, ce qui dopait son titre de 3,61% à 5,23 euros à 11H10 GMT.

La chasse aux établissements isolés se joue sur un terrain européen qui pourrait encore évoluer avec la bataille entre Barclays et un consortium de trois banques mené par Royal Bank of Scotland pour s’emparer du néerlandais ABN Amro. Le ou les vainqueurs renforcera son poids dans le classement des 10 premiers européens.

Après Capitalia et ABN Amro, “la question de la taille critique ne pourra être ignorée par les autres acteurs”, estime la société de courtage Raymond James.

Dans ce paysage, “l’Allemagne fait figure de mauvais élève du secteur bancaire européen, ce qui pourrait accélerer l’évolution des esprits dans ce pays et créer des opportunités”, selon les analystes de CM-CIC qui citent Commerzbank comme cible possible.

Aucun établissement allemand ne figure parmi les 10 premiers groupes bancaires européens, en termes de capitalisation boursière.

Avec cette course à la taille, les groupes européens veulent aussi faire face à la menace d’une offensive américaine, ou même chinoise à plus long terme.

“Il existe maintenant une tendance à la création de banques européennes dont la capitalisation sera de l’ordre de 100 milliards d’euros ou plus, réduisant ainsi l’écart avec les grandes banques américaines”, indique CM-CIC.

 21/05/2007 14:09:33 – © 2007 AFP