[21/05/2007 18:59:18] LONDRES (AFP) EMI, numéro trois mondial du disque et label des Beatles, de Robbie Williams et Coldplay, a accepté lundi une offre de rachat du fonds d’investissements Terra Firma à 3,6 milliards d’euros, la préférant à l’insécurité juridique d’une alliance avec l’américain Warner. Terra Firma accepte aussi de reprendre la dette d’EMI, un rachat qui lui coûtera au total 3,2 milliards de livres (4,8 milliards d’euros). EMI a jugé l’offre à 265 pence par action de Terra Firma “juste et raisonnable”. Le groupe, qui a annoncé lundi peu avant l’annonce de Terra Firma — alors que ses résultats annuels étaient prévus pour mercredi — une forte perte en 2006 (277,1 millions de livres) et un recul de 15% de son chiffre d’affaires, lutte pour se maintenir à flot face à la concurrence de la musique en ligne. Son directeur général Eric Nicoli a fait état lundi “d’une année difficile” au cours de laquelle le groupe a dû annoncer en janvier un plan de restructuration comprenant des suppressions d’emplois, au premier chef le renvoi du français Alain Levy, patron de sa branche musique. En avril, EMI a semble-t-il choisi d’accompagner plutôt que de continuer à subir le virage du numérique en étant la première des grandes maisons de disques à passer un accord avec Apple et son site iTunes, mettant l’ensemble de son catalogue (sauf les Beatles) à la disposition du public sans système de cryptage anti-copie, moyennant une augmentation de prix de 25%. Parallèlement, les difficultés ne l’ont pas empêché de rester convoité, par l’américain Warner depuis des années, et plus récemment par des fonds. Terra Firma, de l’homme d’affaires Guy Hands, après avoir échoué à racheter le groupe de pharmacies Alliance Boots mais qui a pris la troisième place mondial du leasing aérien en rachetant ce mois-ci l’américain Pegasus, ne faisait pas partie des favoris. EMI a indiqué que son offre était néanmoins “la plus attrayante” de toutes, son président John Gildersleeve soulignant que le fonds apportait de l’argent frais “maintenant”, et “sans les incertitudes liées à la régulation”. Warner, le numéro quatre mondial, auquel font manifestement référence de tels propos, a dû être déçu, après avoir à plusieurs reprises fait des offres de fusion qu’EMI avait rejetées, les estimant trop basses. Le Sunday Times rapportait dimanche que l’Américain essayait encore de convaincre le Britannique. EMI, qui avait aussi tenté sans succès de racheter Warner, a préféré s’aventurer en terrain sûr avec un fonds. Tandis que la Commission européenne examine depuis des mois la fusion entre les maisons de disque Sony et BMG, faisant planer une forte incertitude sur une telle entité, numéro deux mondial, EMI n’aura pas voulu jouer avec le feu. Un actionnaire d’EMI cité par le Sunday Times dimanche soulignait néanmoins “qu’une alliance EMI-Warner était attendue jusque-là par le marché”, et que “si des approches par des fonds avaient été repoussées précédemment, c’est que les actionnaires savaient bien où étaient la vraie valeur, malgré le risque de concurrence”. Le marché semblait donc s’attendre à la possibilité d’une surenchère : EMI a terminé la séance en hausse de 9,3% à 271 pence, nettement au-dessus de l’offre de Terra Firma. |
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