Vin : les 27 divisés sur la réforme proposée par Bruxelles

 
 
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Le ministre allemend de l’Agriculture Horst Seehofer, le 7 mai 2007 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

[21/05/2007 18:14:40] MAYENCE (AFP) Les ministres européens de l’Agriculture se sont montrés divisés lundi face aux nouvelles propositions de la Commission pour réformer le secteur du vin, butant sur l’arrachage, pourtant revu à la baisse, de vastes surfaces de vignes.

“Nous n’avons jamais été favorables à l’arrachage”, a déclaré le ministre allemand de l’Agriculture Horst Seehofer, dont le pays préside l’Union européenne jusqu’à fin juin, lors d’une conférence de presse à Mayence, où sont réunis les ministres jusqu’à mardi.

“Cela nous semble peu raisonnable de mettre hors service des surfaces viticoles alors que l’on augmente les importations de vin en Europe. Ce n’est pas la réponse économique que nous avions espérée d’une réforme” du secteur viticole européen, a-t-il ajouté.

La Commission doit présenter officiellement le 4 juillet un nouveau plan pour mettre fin à la surproduction de vin dans l’UE, qui préconise l’arrachage de 200.00 hectares de vignes.

Son projet initial, présenté l’an dernier, prévoyait d’arracher 400.000 hectares, ce qui avait provoqué un tollé parmi les 27 et la profession.

La commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel explique qu’il s’agit pourtant d’une mesure sociale, pour les viticulteurs en difficulté qui souhaitent réduire leur surface ou quitter la profession.

Depuis le somptueux domaine du château de Johannisberg, surplombant le Rhin, le berceau de la production de Riesling allemand (à 25 km de Mayence), les ministres autrichiens Josef Pröll et luxembourgeois Fernand Boden se sont aussi prononcés contre l’arrachage.

Le ministre italien, Paolo De Castro, dont le pays est le premier producteur de vin en volume de l’UE, s’est cependant montré moins critique que son homologue allemand.

“Les nouvelles propositions de la Commission vont dans la bonne direction, mais il faut que les Etats membres conservent une certaine flexibilité dans leur application”, a-t-il indiqué à des journalistes.

“Mais le problème de fond, c’est la compétitivité. Toutes les réformes doivent se faire en se posant la question: comment devenir plus compétitif pour faire face à la concurrence des vins du Nouveau monde?” a-t-il souligné.

Le ministre portugais Jaime Silva, dont le pays prendra le 1er juillet la présidence de l’UE, a prudemment estimé que les nouvelles propositions permettraient “de trouver un compromis plus facilement”.

“Nous allons essayer de parvenir à un compromis sur les grandes lignes dès la fin 2007, car la réforme a déjà pris du retard”, a-t-il ajouté.

La Grèce s’est elle montrée favorable à un arrachage massif, ayant beaucoup de producteurs peu compétitifs.

La France et l’Espagne, qui sont avec l’Italie les deux autres grands producteurs de vin de l’UE, n’ont pas immédiatement commenté les nouvelles propositions de la Commission, la nouvelle ministre française de l’Agriculture, Christine Lagarde, étant attendue à Mayence en soirée seulement, comme son homologue espagnole Elena Espinosa.

Un autre point de la réforme proposée a déplu à de nombreux pays: l’interdiction d’enrichir le vin en sucre pour en augmenter le taux d’alcool, une pratique très utile pour les vignerons du nord de l’Europe, dont l’ensoleillement est insuffisant.

En revanche, un consensus est apparu pour en finir avec la distillation de crise, qui permet d’écouler les invendus sous forme d’alcool, une aide aux viticulteurs qui a coûté 500 millions d’euros au budget communautaire l’an dernier.

“Les Etats membres souhaitent que cet argent soit dépensé à des fins plus utiles”, comme des aides à la restructuration et à la promotion, a expliqué M. Seehofer.

Enfin, les ministres ont bien accueilli l’idée de lancer une campagne de promotion à grande échelle pour promouvoir le vin européen dans le monde, avancée par la Commission.

 21/05/2007 18:14:40 – © 2007 AFP