Tunisie-USA : Impasse dans les négociations sur un accord de libre échange ?
Deux
ans après le lancement de discussions exploratoires, Tunis et Washington ne
semblent pas progresser sur la voie menant à un accord de libre-échange.
Tombée à point, la table sur «l’accord de libre échange Tunisie-Etats-Unis :
enjeux et perspectives », organisée par Défi Médias (la maison éditrice de
l’hebdomadaire «L’Expression » à paraître, et qui à M.Raouf Cheikhrouhou, et
animée par notre confrère Ridha Kéfi, rédacteur en chef de cet organe, a
confirmé ce qui se chuchotait ça et là : les négociations en vue de la
conclusion d’un accord de libre échange entre la Tunisie et les Etats-Unis
n’avancent pas ou si peu.
En effet, deux ans après le lancement –en juin 2005- de «discussions
formelles » en vue de déterminer si les deux pays sont prêts à s’engager sur
la voie menant à la conclusion d’un traité de libre-échange, les
gouvernements américain et tunisien continuent de camper sur leurs
positions.
MM.Mohamed Nouri Jouini et Mondher Zenaïdi, respectivement ministre de la
Coopération Internationale et du Développement, et ministre du Commerce et
de l’Artisanat, ont réitéré la position du gouvernement tunisien sur cette
question.
Réaffirmant le fait que «la Tunisie a besoin, en plus de l’Union européenne,
d’autres partenaires suffisamment importants pour permettre à notre économie
de gagner de nouveaux paliers de croissance », M.Jouini a rappelé que «c’est
dans ce cadre que nous avons signé, en 2002, un accord cadre pour le
commerce et l’investissement avec les Etats-Unis ».
Mais tout en étant «favorables à un ALE avec les Etats-Unis, parce que nous
avons déjà signé des ALE avec d’autres partenaires et que cela a été
couronné de succès », les Tunisiens considèrent, selon le mot de M.Jouini,
qu’il est «nécessaire de réunir toutes les conditions requises pour garantir
le succès d’un pareil accord qui devrait servir les intérêts des deux pays
pour garantir sa durabilité ». Et ces intérêts ont des implications
concrètes que le ministre de la Coopération Internationale et du
Développement a énuméré.
Un ALE «ne doit pas se traduire par la seule réduction des tarifs », doit
contribuer «à l’amélioration de la compétitivité et de la productivité de
notre économie » et être accompagné d’ «un appui financier sous quelque
forme que ce soit » car cet forme de soutien est jugé «souhaitable voire
nécessaire ».
Abondant dans le même sens, M.Mondher Zenaïdi a réitéré «l’attachement de la
Tunisie au développement de la coopération avec tous les pays frères et
amis, au premier rang desquels les Etats-Unis ». Il a également insisté «sur
la nécessité de prendre en compte les différences et les spécificités des
deux économies, ainsi que les objectifs particuliers de notre pays » et de
prévoir «des mesures d’accompagnement » ainsi qu’ «un appui de la part de
nos amis américains ».
«Nous avons nos attentes », a résumé le ministre du Commerce et de
l’Artisanat. Qui pense que «négocier, cela veut dire discuter dans une
logique où prédomine la devise «gagnant/gagnant ». Ce qui signifie qu’ «il
faut aborder les choses avec flexibilité et volonté d’aller de l’avant » et
«avoir un cadre de négociation qui soit à la hauteur de la qualité des
relations entre les deux pays ».
M.Robert Godec, ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, a rappelé que «le
commerce international a toujours constitué un élément essentiel du progrès
économique à travers le monde ». Partant de là, le diplomate américain –dont
le pays a déjà conclu des accords de libre-échange avec 14 pays- pense que
la Tunisie «est un pays bien placé pour profiter d’un tel accord» qui
«faciliterait la libéralisation des services, y compris les services
financiers, rassurant les investisseurs et ouvrant la voie aux transferts de
technologie».
L’ambassadeur américain a par contre soigneusement évité de répondre aux
conditions posées par la partie tunisienne pour la conclusion d’un ALE avec
les Etats-Unis. Et contrairement à ce que dit un proverbe arabe, ce silence
n’est pas un signe d’acquiescement.