Alcan rejette sans surprise l’offre d’Alcoa et évalue ses options

 
 
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Le logo d’Alcan sur la façade des locaux du groupe canadien à Paris (Photo : Joel Saget)

[23/05/2007 06:51:48] MONTREAL (AFP) Le géant canadien Alcan a rejeté mardi l’offre d’achat de son rival américain Alcoa visant à créer un numéro un mondial de l’aluminium et évalue ses options à un moment où le secteur métallurgique et minier est en pleine ébullition.

Le conseil d’administration d’Alcan a recommandé “à l’unanimité” le rejet de l’offre d’Alcoa, évaluée à 33 milliards USD en comprenant la reprise de dette, dont le but était de détrôner le nouveau numéro un mondial du secteur, le russo-suisse Rusal, né récemment de la fusion de Rusal, Sual et de Glencore.

Alcoa valorise l’action d’Alcan à quelque 75 dollars américains, alors que celle-ci s’échangeait à 81 dollars US mardi à New York et Toronto.

L’offre d’Alcoa, lancée en grande pompe le 7 mai dernier, “ne reflète pas adéquatement la valeur des actifs, des compétences stratégiques et des perspectives de croissance extrêmement intéressants d’Alcan”, a fait valoir le président du conseil d’administration du groupe canadien, Yves Fortier.

“Les approches et les réalisations d’Alcan et d’Alcoa en matière de création de valeur pour les actionnaires sont fondamentalement différentes”, a-t-il tranché, insistant sur les différences de vues entre les deux groupes.

Le géant canadien de l’aluminium évalue pour l’instant “toutes les options possibles dans une optique de création de valeur pour les actionnaires”, a-t-il fait savoir mardi.

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Une usine Alcoa en Hongrie (Photo : HO )

“Nous ne voyons pas la nécessité de fusionner avec qui que ce soit”, a déclaré à l’AFP le PDG d’Alcan, Dick Evans, en soulignant les bonnes performances de son groupe qui a enregistré un bénéfice de 1,8 milliard de dollars en 2006, propulsé par le cours du métal argenté sur les marchés.

Mais les prix élevés des métaux pourraient aussi sonner l’arrêt de mort du joyau canadien.

Les prix record et la volonté de peser sur les marchés font tourner la tête de titans miniers et métallurgiques, lancés dans une course à la taille sans précédent qui entraîne tout le secteur dans un tourbillon de fusions géantes.

Dans une note déposée aux autorités boursières, Alcan affirme être en discussion avec d’autres parties, sans donner plus de détails sur l’éventail des possibilités qui s’offrent à lui.

Plusieurs groupes miniers pourraient surenchérir pour Alcan, les analystes citant notamment le brésilien CVRD ou l’anglo-suisse Xstrata.

CVRD s’était offert l’an dernier le géant canadien du nickel Inco, tandis que Xstrata avait avalé le canadien Falconbridge, au terme d’une longue saga boursière.

Au cours de la dernière année, deux groupes australo-britanniques, le numéro un mondial BHP Billiton et Rio Tinto, ont aussi été cités dans des rumeurs de rachat d’Alcoa ou d’Alcan. Mais ces mêmes rumeurs évoquent le rachat de Rio Tinto par BHP Billiton.

Des analystes ont aussi suggéré à Alcan de jouer au trublion en lançant lui-même une contre-offre pour s’emparer d’Alcoa ce qui faciliterait la poursuite de ses projets au Moyen-Orient, où la présence américaine est moins bien vue, et l’obtention des autorités antitrusts. M. Evans n’a pas exclu cette possibilité, déclarant à l’AFP qu’il étudiait “toutes les possibilités”.

L’offre non sollicitée d’Alcoa avait soulevé de vives interrogations au Canada quant aux prises de contrôle de joyaux du secteur des ressources naturelles par des entreprises étrangères.

Tentant d’apaiser ces craintes, Alcoa avait lancé une vaste offensive publicitaire dans les médias canadiens et en particulier québécois pour affirmer ses engagements en matière d’emploi, de développement et de gestion des ressources dans le cas où il parviendrait à mettre la main sur son rival.

 23/05/2007 06:51:48 – © 2007 AFP