[24/05/2007 13:03:51] PARIS (AFP) L’OCDE a appelé jeudi la France à poursuivre ses efforts en vue de réduire sa dette publique, au moment où le nouveau gouvernement veut au contraire lâcher du lest sur les déficits afin de relancer la croissance via surtout une baisse des impôts. “Pour faire face aux sollicitations croissantes liées au vieillissement démographique, il faut poursuivre la réduction de la dette publique en proportion du PIB”, le produit intérieur brut, estime l’Organisation de coopération et de développement économiques, dans son rapport semestriel sur la conjoncture mondiale. Cet appel est lancé alors que le ministre français du Budget Eric Woerth vient d’annoncer une “pause” dans la baisse des déficits et de la dette. “On peut s’autoriser une pause dans la baisse des déficits et se maintenir au niveau de 2006 si c’est le prix à payer pour un véritable choc de relance fiscale”, a estimé le ministre, dans un entretien aux Echos jeudi. Le gouvernement a annoncé un train de mesures fiscales pour l’été, avec notamment un plafonnement de l’imposition des personnes à 50% de leurs revenus et une suppression des droits de succession pour 95% des Français. Des baisses d’impôts estimées à “plusieurs milliards” d’euros par le gouvernement et qui devraient avoir un impact budgétaire à partir de 2008. “Je pense que nous pouvons tenir en 2007 le niveau de (déficit de) 2006, c’est-à-dire 2,5% du PIB, niveau qui stabilise la dette”, a estimé M. Woerth qui souhaite que le gouvernement soit “jugé en 2012” sur les finances publiques. Le gouvernement précédent tablait sur un déficit public de 2,4% cette année. Le chef économiste de l’OCDE, Jean-Philippe Cotis, a lui mis en garde jeudi contre la possible “tentation”, en Europe notamment, de relâcher l’effort en matière de gestion des finances publiques. Si beaucoup de pays ont connu “une forte reprise de l’activité et une montagne de recettes fiscales”, cet “argent-là est cyclique”, a averti M. Cotis. Il ne faudrait donc pas “se tromper sur la nature de ces recettes, les considérer à tort comme durables” et “engager de nouvelles dépenses durables et des baisses d’impôts elles aussi durables”, a-t-il estimé, car “cela creuserait le déficit structurel, qui réémerge quand la conjoncture est moins favorable”. En France, la réduction du déficit s’explique ainsi, “pour une large part”, par l’envolée de “près de 40%” des recettes de l’impôt sur les sociétés, selon le rapport de l’OCDE. Interrogé sur les mesures fiscales en préparation en France, le chef économiste de l’OCDE a estimé que “lorsqu’il y a des baisses d’impôts il faut qu’elles soient complètement compensées” notamment “par des économies de dépenses”. “Je ne pense pas qu’on puisse faire l’économie des économies”, a-t-il insisté, appelant la France et l’Europe à ne pas “rééditer” les erreurs commises lors des reprises de la fin des années 80 et des années 90, qui ont été selon lui “terriblement mal gérées en Europe”. Dans ses prévisions, établies avant les dernières annonces du nouveau gouvernement, l’OCDE table sur une nouvelle réduction du déficit public de la France à 2,3% en 2007 puis 1,7% en 2008 (contre 2,5% en 2006), à condition toutefois que le gouvernement et les collectivités locales modèrent leurs dépenses. |
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