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[26/05/2007 08:49:04] PARIS (AFP) L’ancien PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, poursuivi pour avoir édifié un système d’emplois fictifs au sein d’une filiale suisse du groupe pétrolier, a été condamné vendredi à 15 mois de prison avec sursis et 60.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris. Interrogé à l’issue du jugement, rendu par le président de la 11e chambre du tribunal, présidée par Noël Miniconi, l’ex-dirigeant s’est refusé à tout commentaire. L’ancien PDG (de 1989 à 1993) du géant pétrolier français avait déjà été condamné à cinq ans de prison et 375.000 euros d’amende dans le volet principal de l’affaire Elf. Dans le volet Dumas/Deviers-Joncour, la cour d’appel de Paris l’avait condamné à 30 mois d’emprisonnement ferme, le 29 janvier 2003. Vendredi, le tribunal a ordonné la confusion de la peine de M. Le Floch-Prigent avec ses précédentes condamnations. Ce dernier a effectué cinq mois et demi de détention provisoire en 1996 (juillet-novembre), puis quatorze mois entre fin janvier 2003 et avril 2004, date à laquelle il a bénéficié d’une suspension de peine pour raisons de santé (un psoriasis et une pathologie cancéreuse avaient été diagnostiqués). Le tribunal a considéré que l’ancien numéro un d’Elf avait bien participé, avec Alfred Sirven aujourd’hui décédé, à l’instauration d’un système d'”emplois fictifs” au sein de la filiale suisse du groupe, Elf-Aquitaine International (EAI), qui avait initialement pour but de rémunérer les hauts cadres des filiales étrangères d’Elf. Selon l’accusation, sous l’impulsion de M. Sirven, EAI était devenue une structure destinée à créer un réseau d’influence à son profit et au bénéfice de M. Le Floch-Prigent, en répondant à des sollicitations émanant de hauts personnages publics, comme l’ancien président François Mitterrand ou l’ex-ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, ou en s’attachant des obligés dans les sphères économique, politique ou médiatique. Les “salariés” se voyaient confier des missions extrêmement vagues, comme conduire “toute réflexion ou étude” sur “les problèmes internationaux”, “les questions en relation avec les affaires culturelles”, “les problèmes d’ordre médical en Asie”. Dans son jugement, le tribunal a reconnu qu’EAI avait effectivement abrité en son sein des salariés fictifs, notamment Marc Léandri, policier réputé proche de M. Pasqua, Jacques Maroseli, ancien préfet proche de M. Mitterrand, ou encore Solange Bonin, veuve d’un des amis de celui-ci. Au total, dans ce dossier, sur vingt prévenus, dix ont été condamnés, dont M. Le Floch-Prigent et Jean-Claude Vauchez, ex-administrateur délégué d’EAI (6 mois d’emprisonnement avec sursis et 10.000 euros d’amende, sa responsabilité ayant été reconnue concernant un des emplois fictifs). Huit bénéficiaires d’emplois fictifs ont été reconnus coupables par le tribunal. Deux (Robert Christin et Jean-Claude Hestin) ont bénéficié d’une dispense de peine, les six autres (Marc Léandri, Jacques Maroseli, Solange Bonin, Jean Delpit, Christian Jallabert, Paul Polverelli) ayant écopé de peines allant de huit mois avec sursis et 30.000 euros d’amende à 12 mois avec sursis et 100.000 euros d’amende. Neuf (dont Daniel Léandri, le père de Marc) ont été relaxés et le cas d’un prévenu, Laurent Raillard, partenaire de golf de M. Mitterrand et bénéficiaire présumé d’un emploi fictif, a été disjoint du reste de la procédure, en raison de son placement sous curatelle. M. Raillard était poursuivi pour avoir indûment touché environ 376.000 euros, une partie ayant servi à des achats chez Vuitton et Dior ou pour des séjours à Courchevel, Saint-Moritz ou en Californie. |
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