Russie : Poutine maussade face aux difficultés du constructeur automobile Avtovaz

 
 
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Le président russe Vladimir Poutine (2e d) écoute les explications de Vladimir Artyakov, d’Avtovaz, à Togliatti, le 18 mai 2005 (Photo : Vladimir Rodionov)

[27/05/2007 11:02:06] TOGLIATTI (AFP) Le président russe Vladimir Poutine a eu du mal à cacher sa mauvaise humeur en visitant Avtovaz, le premier constructeur automobile russe, fabricant des Lada, en perte de vitesse face à la concurrence étrangère.

L’air maussade, le chef d’Etat russe, invité à la mi-mai à découvrir la célèbre usine de Togliatti (sud de la Russie), a refermé brusquement une à une les portières des modèles qui lui étaient présentés devant une direction de l’entreprise nerveuse.

“Sans nouvelles technologies, nous ne pouvons pas concurrencer. Nous avons besoin d’investissements”, a expliqué un cadre d’Avtovaz en montrant, l’air contrit, un graphique des parts de marché perdues face aux marques étrangères.

Parcourant d’un oeil sceptique les automobiles exposées, M. Poutine a fini par s’arrêter sur l’une d’elles. “Pas mal”, a-t-il marmonné tout en lorgnant sur la voiture de sport d’à côté.

La politesse quasi-obséquieuse des dirigeants d’Avtovaz ne s’explique pas par le seul respect que leur inspire le maître du Kremlin. L’entreprise, maintenant contrôlée par l’Etat, demande des milliards de dollars de subsides publics qui doivent l’aider à retrouver un peu de son lustre d’antan.

Constructeur des fameuses Lada dont le 4×4 Niva, Avtovaz était jadis la fierté de l’industrie automobile soviétique et continue aujourd’hui d’être le plus important constructeur automobile russe.

Mais les beaux jours sont depuis longtemps révolus. Les voitures d’Avtovaz, souvent l’objet de plaisanteries en Occident en raison de leur piètre réputation technique, sont désormais dédaignées par un nombre grandissant de jeunes automobilistes russes.

La part de marché russe du groupe, dominant à l’époque soviétique, est passée de 38% en 2005 à 32% en 2006, alors que des constructeurs étrangers tels que Ford, Renault et Toyota ont pour la première fois pris plus de la moitié du marché.

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Le président russe Vladimir Poutine conduit un nouveau modèle d’Avtovaz, le 18 mai 2007 à Togliatti (Photo : Vladimir Rodionov)

Même ceux qui appréciaient la Lada pour sa résistance aux durs hivers russes la délaissent désormais pour des marques étrangères toujours plus nombreuses et abordables.

Tout n’est pas sombre pour Avtovaz qui semble du moins avoir laissé derrière elle l’époque trouble des années 90 quand les clans mafieux se disputaient les ventes de concessions et que les meurtres commandités de cadres du constructeur étaient fréquents à Togliatti.

La compagnie n’est pas dans une mauvaise situation financière non plus. Son bénéfice net a augmenté de 79% à 96,8 millions de dollars (71,6 millions d’euros) en 2006, même si ses dettes vis-à-vis de ses fournisseurs demeurent élevées.

Des chiffres publiés récemment montrent cependant que les ventes ont baissé.

L’immense usine Avtovaz, qui couvre quelque 600 hectares, a été conçue par le constructeur automobile italien Fiat et avait débuté avec la production des voitures Jigouli dans les années 70.

“L’équipement a 40 ans… Ce serait plus simple de construire une nouvelle usine que de moderniser l’usine actuelle, mais il n’y a pas d’argent”, dit Alexei Mironov, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Togliattinskoïe Obozrenie.

La société a déjà pris des mesures pour se moderniser. En 2001, elle a créé une joint-venture avec General Motors pour produire la Chevrolet-Niva et vient de conclure un projet similaire avec l’équipementier austro-canadien Magna.

Mais les habitants de Togliatti craignent que la quête de plus d’efficacité d’Avtovaz ne pousse le constructeur à se défaire d’actifs secondaires tels que des hôpitaux et complexes sportifs de la ville.

Avtovaz emploie 1O8.000 personnes sur une population totale de 730.000 ainsi que des dizaines de milliers d’autres habitants via un vaste réseau de fournisseurs.

“Notre ville est un monstre qui s’appuie sur une béquille: Avtovaz. Si celle-ci est retirée, la ville s’effondre aussitôt”, met en guarde Sergueï Davydov, reporter pour Togliattinskoïe Obozrenie.

 27/05/2007 11:02:06 – © 2007 AFP