[27/05/2007 12:10:10] SHANGHAI (AFP) Au royaume des alcools blancs, ce sont les bruns qui ont la cote, et le whisky est en train de s’imposer comme la boisson des yuppies en Chine. Ringard le Maotai local. Pas un bar, pas une discothèque de Shanghaï ou Pékin, et de villes moins branchées, où le whisky n’inonde pas les tables. Pas au verre mais à la bouteille que l’on se partage entre amis tout en jouant aux dés. Selon le groupe français Pernod Ricard, qui revendique la position de leader dans le whisky en Chine avec la vedette du moment, le Chivas Regal, les produits importés sont parmi les spiritueux vendus sur le marché chinois ceux qui enregistrent la plus forte croissance. La hausse en volume a été d’environ 30% par an au cours des cinq dernières années. Ne représentant encore que moins de 10% de la consommation d’alcools en Chine, la marge de progression est grande pour les alcools étrangers. “Contrairement au cognac qui est surtout bu dans le sud du pays, le whisky est vendu maintenant partout en Chine”, affirme le patron du groupe français pour la Chine, Philippe Guettat. Et même si Pernod Ricard ne détaille pas ses chiffres de vente de whisky, la forte croissance est bien réelle en Chine dans ce domaine, pour le numéro deux mondial des vins et spiritueux comme pour ses concurrents. Pour la première fois en 2006, la Chine est entrée dans le Top 10 des pays importateurs, selon les chiffres de la Scotch Whisky Association (SWA), basée à Edimbourg en Ecosse. La valeur totale des importations a progressé de 27% sur un an, à 58,2 millions de livres (environ 40 millions d’euros). “Les gens en consomment de plus en plus, surtout dans les night-clubs”, explique Stefen Deng, l’un des directeurs du distributeur Maxxium, qui vend en Chine l’américain Jim Beam ou l’écossais Highland Distillers et son fameux Macallan. “Il n’y pas encore de tradition de boire à la maison. Chez soi, c’est plutôt du vin, des alcools doux ou des alcools blancs, ce n’est pas une question d’argent, le whisky ou le cognac sont davantage liés à une atmosphère, une ambiance”, ajoute M. Deng. La bouteille de Chivas est souvent vendue autour de 500 yuans (50 euros) dans les clubs. Les yuppies sont attirés par les marques chères, les étiquettes clinquantes, plus par souci d’épater la galerie que par goût, et les exportateurs de whisky se frottent les mains en écoulant en Chine des produits haut de gamme. Peu de Chinois font encore la différence entre un 18 ans d’âge pur malt et un scotch bon marché. De toute façon, pour beaucoup de jeunes, la mode est de boire le whisky mélangé à… du thé vert glacé. Une touche d’exotisme, une touche locale, le cocktail fait fureur dans les boîtes de nuit. Une attitude et une habitude qui font le bonheur des contrefacteurs. Comme tous les produits en Chine, surtout ceux qui se vendent bien, le whisky a ses imitations. De pâles copies jusqu’aux breuvages imbuvables. Le procédé le plus simple consiste à récupérer les bouteilles vides de whisky célèbres et à les remplir avec un liquide premier prix. Si les autorités chinoises démantèlent parfois des ateliers clandestins, les grandes marques tentent de trouver des parades en amont avec des bouteilles et des bouchons a priori non réutilisables. Pour l’instant, la casse a été limitée et les ventes de vrai whisky n’ont pas vraiment souffert. Plus généralement, malgré l’euphorie actuelle, des interrogations demeurent toutefois sur l’avenir de cette boisson en Chine, selon certains experts. “Le marché du whisky est dynamique mais en fait pas très solide. Les gens sont toujours à la recherche de nouveautés, ils ont surtout tendance à suivre la mode. Alors oui, les ventes vont encore progresser mais la croissance pourrait bien ralentir”, estime Fu Leibin, rédacteur en chef du magazine chinois Food and Wine. |
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