Les escaliers mécaniques

 

asens240.jpgLe hasard du calendrier a
fait que le même jour et à quelques heures d’intervalles, les uns escaladaient
d’un pas vif et alerte les escaliers de la Grande Maison de France, et les
autres, ceux de la croisette, le décor était similaire : tapis rouge, gardes
du corps, foule des grands jours, grands gestes de la main, voitures
décapotables si cela est, autographes et grands sourires.  

Mais, peut me répondre un
lecteur, de quoi tu te mêles petite journaliste du tiers monde à moitié
analphabète et peu cultivé ? Que voulez-vous, je reste indubitablement
curieuse de ce qui se passe sur cette sacrée terre qui semble être
devenue une grande salle de cinéma avec une poignée d’acteurs plus ou moins
bons, des scénarios quelques fois bâclés, des metteurs en scène parfois
compétents, une sonorisation relativement audible et une grande masse de
spectateurs clonés à qui il reste plus que les yeux pour voir et les mains
pour applaudir. 

Et le parallèle et la
similitude entre les 2 événements français me laissent pantoise et montrent
qu’entre le monde du cinéma et celui de la politique, il ne reste plus que
l’épaisseur d’un film … 

Ainsi, le succès d’un
film dépend de la qualité des scénarios, de la compétence et du flair des
metteurs en scène, du talent des acteurs et aussi de la nature de l’histoire
dont la fin programmée est plus ou moins heureuse –devant l’invasion
d’hémoglobine, le temps des films où à la fin, ils se marièrent, furent
heureux et eurent beaucoup d’enfants est dépassé- et il ne faut pas oublier
que, dans un film, tout est prévu à l’avance et programmé jusqu’au dernier millime.  

En politique, on peut
trouver beaucoup de parallèles avec le cinéma mais il s’agit de films qui
durent plus longtemps avec souvent et malheureusement de la vraie
hémoglobine perdue par des metteurs en scène souvent bornés ; des acteurs
maladroits servis par de mauvais scénarios; et si tout n’est pas écrit à
l’avance, les acteurs de cette triste tragédie humaine pourront toujours se
justifier en soupirant «mektoub», un mot qui, je pense, est rentré dans le
Larousse et le Harraps !
 

Et la notion de temps
n’est pas la même, car au cinéma on peut tromper quelqu’un le temps d’une
séance et le spectateur peut quitter la salle quand il veut, ça ne lui coûte
que le prix d’un billet.

Puisqu’on parle de temps,
quand Zadig de Voltaire disait qu’il fallait cultiver son jardin, il n’a pas
toujours précisé s’il fallait planter des choux ou des navets !