[29/05/2007 06:55:27] NEW YORK (AFP) La compagnie aérienne américaine Northwest Airlines doit officiellement sortir du régime encadrant les faillites jeudi, après vingt mois de cure d’austérité saluée par les analystes mais nettement moins par les syndicats. Le cinquième transporteur aérien des Etats-Unis sort du régime des faillites –dit chapitre 11– un mois après sa consoeur Delta Air Lines, qui avait recouru à cette législation le même jour, le 14 septembre 2005. Les deux compagnies étaient alors emportées par la crise qui secouait le secteur, dans le sillage des attentats de septembre 2001 et de la flambée des cours du pétrole. L’option du chapitre 11 –qui a également été utilisée depuis 2001 par US Airways et United Airlines– a permis d’annuler une partie des dettes et de procéder à des réductions de coûts drastiques sous la surveillance d’un tribunal. Cela facilite la négociation de concessions salariales et auprès des créanciers mais exige la supervision du juge pour toute décision. Northwest Airlines, partenaire d’Air France au sein de l’alliance SkyTeam, a réduit de 10% des capacités, abaissé de 2,4 milliards de dollars ses coûts de fonctionnement et de 4,2 milliards son endettement. La compagnie a aussi renouvelé son conseil d’administration et doit faire ses débuts à la Bourse de New York le 31 mai avec des actions nouvelles. Le groupe, valorisé selon son plan de restructuration à 7 milliards de dollars, table sur un chiffre d’affaires de plus de 14 milliards en 2010 –12,56 milliards en 2006– et sur un retour au bénéfice net à cet horizon. “L’approbation du tribunal est l’aboutissement des objectifs que nous nous étions fixés en septembre 2005” a commenté récemment le PDG Doug Steenland, citant “une structure de coûts compétitive, un modèle économique plus efficace, et le renouvellement continu de notre flotte”. Le parcours de Northwest est salué par plusieurs analystes. “Northwest Airlines sort avec une structure améliorée pour ses coûts opérationnels, essentiellement grâce à ses concessions salariales (1,4 milliard sur les 2,4 milliards d’économies, ndlr), ainsi qu’une dette réduite”, résume Phil Baggaley, de Standard and Poor’s. Le groupe a aussi honoré ses commandes d’appareils et va en acquérir d’autres, souligne-t-il. “La performance opérationnelle s’est redressée plus vite que d’autres compagnies aériennes en faillite, et Northwest fait actuellement partie des transporteurs aériens les plus rentables des Etats-Unis”, selon cet analyste. Northwest a réduit sa perte nette à 292 millions de dollars au 1er trimestre contre une perte de 1,1 milliard un an plus tôt. Mais les syndicats grincent des dents face aux concessions salariales, sachant que 200 millions d’économies sur ce poste sont encore prévues d’ici 2008, rappelle M. Baggaley. Les compensations financières réservées à la direction du groupe ont cristallisé les mécontentements, ce d’autant que Delta, à sa sortie de faillite, a réservé une enveloppe pour ses salariés et que le PDG Gerald Grinstein a reversé ses compensations à un fonds d’aide aux employés. Les syndicats dénoncent chez Northwest “de confortables bonus de plusieurs dizaines de millions de dollars pour les cadres alors que les employés ont consenti des baisses de salaires de 40%”. “Face aux 1,4 milliard de dollars consentis par les personnels, Northwest a décidé d’octroyer quelque 400 millions de récompenses à l’encadrement, dont un bonus de 26,6 millions pour le PDG Doug Steenland”, stigmatise le syndicat des pilotes (ALPA). “Northwest est bien en avance sur son plan de redressement mais ils refusent de récompenser les personnels et leurs familles pour leurs efforts. Au contraire, nos efforts sont partis dans les bonus de la direction”, juge quant à lui le syndicat du personnel de bord (AFA). |
||
|