[31/05/2007 11:15:59] PARIS (AFP) Le quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France publie jeudi une copie de notes de Raymond Lévy, président du conseil de surveillance du groupe Lagardère (actionnaire français d’EADS), datées du 26 avril 2006 et indiquant que “les difficultés de l’A380 ont été sous-estimées”. Le Canard Enchaîné évoquait mercredi le même compte-rendu d’une conversation avec le directeur de la stratégie d’Airbus Olivier Andriès, en soulignant que les enquêteurs chargés de l’affaire d’éventuels délits d’initiés au sein d’EADS, ont “la certitude que cette conversation est antérieure à mars 2006”. Un porte-parole du groupe Lagardère, interrogé par l’AFP, a authentifié le compte-rendu publié par Le Parisien et la date du 26 avril, postérieure de trois semaines à la vente par Lagardère de 7,5% du capital d’EADS, le 4 avril 2006. Cette transaction fait l’objet d’une enquête judiciaire et d’une enquête de l’autorité des marchés financiers (AMF) sur d’éventuels délits d’initiés, tout comme l’exercice de stock-options en mars par les cadres de dirigeants du groupe, moins de trois mois avant qu’EADS n’annonce de nouveaux retards de livraison, provoquant une dégringolade du titre de 26% le 14 juin. Une telle conversation en mars alimenterait les charges contre les actionnaires du groupe, tandis qu’en date du 26 avril, elle irait dans le sens d’Arnaud Lagardère, qui a toujours affirmé ne pas avoir été informé de l’ampleur des difficultés d’industrialisation de l’A380 lors de la cession de ses titres EADS. Dans le compte-rendu publié jeudi, M. Levy relève notamment que seuls “2 à 3 A380 seront livrés à Singapore Airlines en 2007” et que pour “les autres ???” il y a “Danger !!!”, il mentionne aussi “les difficultés du 380 sous-estimées”. L’ancien co-président exécutif d’EADS Noël Forgeard, contraint à la démission en juillet 2006 et soupçonné de délit d’initiés pour avoir fait une plus-value de 3,5 millions sur ses stocks options en mars 2006 (dont plus d’un million au nom de ses trois enfants), se défend comme Arnaud Lagardère. Alors que La Tribune de mardi faisait état d’une réunion chez Airbus sur les retards dès le 6 mars 2006, M. Forgeard déclare jeudi dans Le Point: “Airbus n’a pas signalé de retard irattrapable avant mi-avril 2006, et les conséquences financières étaient alors très limitées”. EADS, qui avait déjà prévu un retard de livraison de six mois en juin 2005, n’a finalement informé les marchés financiers que le 13 juin 2006 de nouveaux retards de plus d’un an, liés aux problèmes de câblage électrique des avions. Le 14 juin, le titre s’effondrait. Airbus a annoncé un troisième retard le 3 octobre, repoussant la première livraison à octobre 2007, et portant les retards de livraison à deux ans en moyenne. Le préjudice total du groupe a été évalué à 6,3 milliards d’euros et Airbus s’est engagé dans le plan de restructuration Power8 qui doit notamment se traduire par 10.000 suppressions d’emplois en quatre ans. |
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