[31/05/2007 13:19:44] BRUXELLES (AFP) Inculquer aux enfants dès l’école le respect des oeuvres et de leurs auteurs: c’est la solution prônée par certaines sociétés de gestion des droits d’auteurs, afin de dissuader les internautes de télécharger illégalement musiques et films. “R.E.S.P.E.C.T”: c’est le titre de la chanson interprétée par Aretha Franklin en 1967 que les participants au Sommet des droits d’auteur, organisé mercredi et jeudi à Bruxelles ont utilisé pour lancer un débat animé sur le piratage audiovisuel. “Nous sommes passés du bon vieux temps où l’on achetait des disques et des cassettes à celui de l’iPod”, le baladeur d’Apple sur lequel on télécharge de la musique via internet, a constaté l’eurodéputé espagnol Manuel Medina Ortega, ajoutant qu’en défendant les droits d’auteur, il avait “l’impression de soutenir le Moyen-Age”. Pourtant, a rappelé Michael Kiplinger, le directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, ces droits “sont absolument cruciaux”. Pour preuve: l’industrie de la création représente 11% du PIB et 9% de l’emploi aux Etats-Unis. Et au Royaume-Uni, elle compte pour “8 à 9%” du PIB, soit plus que les autres secteurs à succès comme les services financiers, a renchéri Emma Pike, directrice générale de British Music Rights. Pour elle, la crise que traverse le secteur n’est pas un problème “en soi”, mais essentiellement “un problème d’image”: il faut trouver une meilleure façon de collecter les droits d’auteur, plus adaptée aux nouvelles technologies. Plutôt que de criminaliser les utilisateurs, il faudrait les éduquer, ont scandé mercredi les divers intervenants. “Menacer le public d’une sanction criminelle n’est pas la solution”, a averti Cornelia Kutterer, du Bureau européen des consommateurs (Beuc). Elle a ainsi regretté la décision récente d’un tribunal italien. Celui-ci a donné raison à la société Peppermint, qui réclamait à Telecom Italia les noms de plus de 3.600 utilisateurs qui avaient mis en ligne une plateforme afin de partager des morceaux de musique. Pour l’organisme américain de protection des droits d’auteur (ASCAP), tout est une question d’éducation, et ce dès l’âge de 10-14 ans. L’ASCAP a déjà pris son bâton de pèlerin, en diffusant dans les écoles une mini bande-dessinée. Elle met en scène un jeune ado branché qui télécharge de la musique gratis sur son iPod ou son téléphone portable et découvre soudain que le SDF ou le vendeur de hamburgers qui lui font face sont en fait des compositeurs ruinés par le piratage. “Les jeunes ont été très impressionnés, car ils ne se rendaient pas compte qu’ils blessaient des êtres humains en téléchargeant”, témoigne John LoFrumento, directeur de l’ASCAP. Le Beuc met toutefois en garde contre de telles initiatives. Aujourd’hui, relève Cornelia Kutterer, tout le monde vient communiquer dans les écoles, des producteurs de junk food (“malbouffe”) aux publicitaires, en passant maintenant par les sociétés d’auteur, “mais les gens ne voudront plus envoyer leurs enfants dans de telles écoles!”. Les éditeurs devraient plutôt plancher sur “des rémunérations équitables”, dit-elle: ils affirment que le numérique tuent leur gagne-pain pourtant, récemment, la maison d’édition musicale EMI a indiqué que les téléchargements sur ses sites avaient quasiment compensé la baisse des ventes de CD. Pour le Beuc, le problème est ailleurs: “c’est que les auteurs ne récupèrent pas l’argent.” Ainsi, pour un téléchargement facturé un euro par l’industrie, ils ne gagnent pas plus que quelques centimes. Mais pour cela, “les consommateurs n’y sont pour rien”… |
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