[31/05/2007 14:01:49] DOHA (AFP) La prochaine signature par le Qatar d’un contrat avec le groupe aéronautique et de défense européen EADS pour sécuriser son espace aérien entre dans le cadre de l'”équilibre stratégique” recherché par Doha entre son allié américain et l’UE, de plus en plus active dans ce richissime émirat du Golfe. Le contrat, “relatif à la couverture radar du territoire qatari”, sera signé dimanche à Doha, a indiqué mercredi le porte-parole de la présidence française, David Martinon, sans donner d’autres détails, en particulier sur son montant. L’annonce avait coïncidé avec la visite à Paris de l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, premier chef d’Etat arabe à être reçu à l’Elysée par le nouveau président Nicolas Sarkozy. Cette visite avait également donné lieu à la signature par la compagnie Qatar Airways d’un accord portant sur une commande de 80 exemplaires du long courrier Airbus A350 pour un montant de 16 milliards de dollars. La visite à Paris de l’émir du Qatar et l’annonce de cette commande record à Airbus, filiale à 100% d’EADS, “témoignent de l’intérêt qu’attache Doha à la France de l’après-Chirac”, a affirmé à l’AFP Mohammed El-Misfer, professeur de sciences politiques à l’Université du Qatar. Le quotidien qatari Al-Sharq a estimé à environ 240 millions d’euros le montant du contrat de défense avec EADS, “qui doit être réalisé sur une période de près de trois ans”. Selon le journal, le projet, baptisé “Bouclier sécuritaire de la nation”, consiste à “installer sur les frontières terrestre et maritime du Qatar un réseau électronique très sophistiqué, qui sera relié à divers centres de contrôle et de commandement par un système de télécommunications et de radars”. Le Qatar est l’un des six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), organisation régionale qui avait créé en 1986 une force conjointe, le “Bouclier de la Péninsule”. Mais le CCG, tirant les leçons de l’inefficacité de cette force, l’avait démantelée en décembre 2005. Durant plusieurs années, les six pays (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) ont examiné le projet d’un système unifié de télécommunications et de radars permettant à leurs armées d’échanger en temps réel des données, ainsi que de coordonner leurs opérations et manoeuvres. Interrogé par l’AFP sur la signification de l’octroi de ce contrat à EADS, le vice-ministre qatari des Affaires étrangères Mohammed Al-Roumaïhi a affirmé que le Qatar cherchait “toujours un équilibre dans ses relations avec (les pays) d’outre-Atlantique et (ceux) au-delà de la Méditerranée”. Il s’agissait d’une référence aux Etats-Unis, qui ont installé le quartier général du commandement central américain (Centcom) au Qatar en 2002 et y disposent de deux bases militaires, et à l’Europe, en particulier à la France, très active dans un nombre croissant de secteurs économiques (aéronautique, bâtiment, hydrocarbures, télécommunications, travaux publics…). Sans minimiser l’importance du “facteur politique” dans le choix d’EADS, M. Roumaïhi a souligné “l’importance des éléments technologiques” de ce système. “Notre expérience en matière de coopération militaire avec la France a toujours été bonne et réussie”, a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que la politique de défense du Qatar avait toujours été “indépendante” et que “les deux bases américaines (n’avaient) aucun rapport avec la défense” du pays. “La politique du Qatar a toujours été fondée sur l’équilibre entre les grandes puissances, surtout les Etats-Unis et l’Europe en général, et la France en particulier”, a pour sa part déclaré à l’AFP un ancien ministre qatariote sous couvert de l’anonymat. De son côté, un diplomate occidental, qui a lui aussi requis l’anonymat, a rappelé que “le gros de l’armement des forces armées du Qatar a toujours été d’origine française”. |
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