Alcatel-Lucent : une assemblée générale sous haute tension

 
 
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[01/06/2007 19:32:50] PARIS (AFP) L’assemblée générale d’Alcatel-Lucent, la première depuis la fusion du groupe il y a six mois, s’est tenue dans un climat très tendu en raison de la présence bruyante des salariés bien décidés à manifester leur opposition au plan de restructuration de la direction.

Les salariés –quelque 150, selon les syndicats, une soixantaine, selon la direction– étaient présents dans l’enceinte du Palais des Congrès à Paris. Regroupés autour d’une banderole sur laquelle on pouvait lire “non aux délocalisations”, il siégeaient au milieu de l’hémicycle, reconnaissables à leur tee shirt orange.

Dès le début, les manifestants ont donné le ton. A coups de sifflets, de corne de brume, de chants, ils ont obligé Serge Tchuruk, président non exécutif du conseil d’administration de la nouvelle entité, a interrompre son discours d’ouverture.

Après une dizaine de minutes, la séance a pu reprendre après que les syndicats aient obtenu l’autorisation de lire une déclaration.

Dans celle-ci, CFDT, CGT, CFTC ont dénoncé la “nouvelle attaque en règle sur l’emploi” menée par le groupe, tout en doutant de sa possibilité d’atteindre les objectifs de croissance qu’il s’est fixés pour 2007, soit 5%.

Les syndicats s’en sont pris également aux rémunérations perçues par Patricia Russo, directrice générale du groupe et Serge Tchuruk, président exécutif du conseil d’administration.

Mme Russo, ont-ils souligné, a perçu en 2006 1,9 million d’euros et 390.000 stock options. M. Tchuruk a perçu lui une rémunération de 2,5 millions d’euros en 2006 et 5,6 millions au titre d’idemnités de départ.

Les interventions de chacun des dirigeants ont été émaillées de huées, sifflets, cornes de brune, rendant quasiment inaudibles leurs propos.

Patricia Russo, la directrice générale, a été particulièrement visée. Surtout lorsque la responsable a réaffirmé l’utilité du plan de restructuration, les manifestants lui ont renvoyé “Russo du boulot”. La dirigeante, a à peine sourcillé et a poursuivi jusqu’au bout son intervention.

Alcatel-Lucent, née à l’automne 2006 de la fusion du français Alcatel et de l’américain Lucent technologie, a annoncé le 9 février la suppression de 12.500 emplois dans le monde, dont 1.468 en France. L’objectif du plan de restructuration est d’améliorer la rentabilité du groupe, confronté à une concurrence féroce des équipementiers asiatiques, grâce à 1,7 milliard d’euros d’économie sur trois ans.

A l’issue des présentations des résultats et de la stratégie du groupe, les salariés ont déserté l’assemblée. Ils n’ont pas participé à la séance de questions-réponses, donnant l’occasion aux petits actionnaires de faire part de leurs doutes sur le bien fondé de la fusion.

La question des rémunérations a également suscité de nombreuses réactions. Dans une question écrite sur les sommes perçues par M. Tchuruk en 2006, le conseil d’administration a rappelé que ces indemnités avaient été décidées en 1995 pour “convaincre” M. Tchuruk de quitter Total pour prendre les rênes d’Alcatel, en difficultés.

La résolution 9 qui abordait la question des “engagements” financiers du groupe à l’égard de Mme Russo a été votée à 89,5% des voix. Plusieurs actionnaires avaient appelé à ne pas la voter. Cette mesure prévoit que Mme Russo bénéficiera en cas de départ de deux ans de salaires (fixe et variable).

En 2007, Mme Russo touchera 1,2 million d’euros (fixe) auquel s’ajoute une part variable qui pourra se monter jusqu’à 0,9 million d’euros. D’autre part, le conseil d’administration lui a alloué 800.000 stock options pour 2007 (à 9,10 euros).

La résolution 10 qui prévoit notamment l’attribution aux salariés et aux dirigeants du groupe de stock options a été votée mais avec le plus faible score de toutes les résolutions, 56,7%.

 01/06/2007 19:32:50 – © 2007 AFP