[02/06/2007 09:03:10] MADRID (AFP) Le secteur énergétique européen traverse une période très agitée et pourrait être à la veille d’une vaste recomposition qui toucherait avant tout l’Espagne et la France, estiment les analystes. Plusieurs points chauds agitent l’Europe, avec des indices d’un abandon du projet de fusion entre les français Suez et Gaz de France, les multiples spéculations autour de l’espagnol Iberdrola, et l’annonce d’un important plan d’investissement de l’allemand EON, autant d’éléments qui en ont dopé certains en Bourse. “Il va se passer des choses en France, il y aura des opportunités d’opérations, et nous voyons bien que les mouvements en Espagne ne se sont pas terminés” avec la prise de contrôle de l’électricien Endesa, pronostique Colette Lewiner, directrice internationale énergie du cabinet Capgemini. “Suez est au coeur de l’action”, selon les analystes d’une banque française. En effet, même si le groupe français est toujours officiellement embarqué dans un long et douloureux projet de fusion avec Gaz de France, les indices montrant qu’il cherche des alternatives en Espagne se sont multipliés. En quelques jours, il a augmenté sa participation dans le groupe gazier espagnol Gas Natural, à 11,3%, et son premier actionnaire et vice-président, le Belge Albert Frère, a pris une part significative de 5% dans l’électricien espagnol Iberdrola. Autre signe de l’effritement du projet franco-français Suez/Gaz de France, le président d’EDF a évoqué des “projets communs” avec Gaz de France. EDF est contrôlé par l’Etat français, et le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, était hostile au projet Suez/Gaz de France promu par le gouvernement précédent de Jacques Chirac. “Selon nous, l’entrée de Suez dans Gas Natural est amicale, elle reflète leurs préparatifs avant les probables mouvements dans le secteur en Espagne”, estiment les analystes de la banque Fortis. “Les liens entre M. Frère et Suez, partenaire clé de la Caixa (caisse d’épargne catalane, qui détient aussi une part de Gas Natural et partage le contrôle avec Suez du groupe Aguas de Barcelona, ndlr), sont un ingrédient piquant pour les scénarios possibles de fusions-acquisitions en Espagne”, selon les analystes de banque portugaise BPI. Car l’Espagne est un véritable chaudron énergétique. L’allemand EON, l’italien Enel, Gas Natural, et l’espagnol Acciona ont âprement bataillé pendant plus d’un an et demi pour le contrôle d’Endesa, le premier groupe espagnol d’électricité. Un autre facteur d’ébullition est que les puissants groupes du BTP espagnol, se sont jetés dans la mêlée en investissant massivement dans l’énergie, pour anticiper la fin de l’âge d’or de l’immobilier espagnol. Ils joueront un rôle prépondérant dans la recomposition énergétique espagnole. Ainsi, Sacyr Vallehermoso a récemment pris 20,01% du pétrolier Repsol, et surtout, l’influent Florentino Perez, patron d’ACS, possède 40,4% d’Union Fenosa, et 11,7% d’Iberdrola. La presse espagnole spécule sur une opération contre Iberdrola menée par Suez, Gas Natural et ACS, même si ce dernier a démenti. Alimentées par toutes ces perspectives et par le plan d’investissement d’EON de 60 milliards d’euros d’ici 2010, la plupart des valeurs énergétiques ont largement progressé à la Bourse, aussi bien à Madrid, qu’à Paris ou Francfort. Ainsi, au cours de la semaine, Iberdrola a progressé de 8,73%, EON de 6,86%, Union Fenosa de 6,05%, EDF de 4,83%, mais Suez n’a pris que 0,17%, Gas Natural 0,14%, et Gaz de France a perdu 1,45%. Mais ces théâtres d’opération ne sont pas les seuls à se dégager pour l’avenir, selon Mme Lewiner: “il ne faut pas oublier que la Russie aura besoin de capitaux étrangers pour son secteur électrique”. |
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