[02/06/2007 13:49:28] PARIS (AFP) Des petites filles recrutées dans les bidonvilles de Nairobi, des enfants prostitués dans les bars de Bangkok et sur les plages de Rio de Janeiro… le tourisme sexuel continue à faire des ravages, ont alerté samedi ONG et voyagistes qui font front commun contre ce fléau. Près de trois millions d’enfants sont victimes chaque année d’exploitation sexuelle dans le monde, et sur 842 millions de touristes, 10% choisissent leur destination en fonction de l'”offre” en matière de sexe, selon un bilan publié à l’occasion de la première Journée mondiale pour un tourisme responsable. “Malgré une prise de conscience accrue, le tourisme sexuel progresse, dans la mesure où le nombre de voyageurs dans le monde n’arrête pas d’augmenter”, a commenté Frédéric Leroy, coordinateur d’une conférence organisée samedi sur ce sujet au siège d’Air France à Roissy-Charles de Gaulle. Le tourisme mondial est en plein essor: le nombre de touristes dans le monde devrait passer à 1 milliard en 2010 et 1,6 milliard en 2020, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). La démocratisation des voyages dans les pays du Nord, conjuguée à la misère grandissante et la faible scolarisation des enfants dans certains pays du Sud, favorise le tourisme sexuel, selon les participants à la conférence. Si ce phénomène se répand désormais dans de nombreux pays émergents qui développent leur offre touristique comme le Maroc, la Hongrie, la République tchèque ou la Lituanie, l’Asie (Thaïlande, Philippines, Indonésie…) reste le continent le plus touché. Au Cambodge, 44% des filles prostituées ont eu leur première relation sexuelle avec des touristes, rencontrés dans des bars ou salons de massage, selon une étude présentée par l’association AidéTous, engagée dans la lutte contre le tourisme sexuel impliquant des enfants. “La demande des touristes pour satisfaire leur fantasme de déflorer une vierge fait augmenter le nombre de jeunes enfants entrant dans la prostitution”, accuse Frédéric Sorge, pédiatre et membre de l’association. Majoritairement des hommes, les touristes sexuels sont issus de toutes les couches sociales. Ils ont des allures de “Monsieur tout le monde” et “se laissent tenter par ce qu’ils considèrent comme une expérience exotique”, sans avoir forcément des antécédents pédophiles, selon les associations. “Dans certains pays, comme aux Etats-Unis, des agences de voyages continuent à proposer à leurs clients +de l’aventure et de l’exotisme+, offre qui cache de véritables circuits de tourisme sexuel”, relève M. Leroy, fondateur de l’APSEC, qui vient en aide aux enfants cambodgiens et chinois. En France, le Syndicat national des agences de voyage (SNAV) compte sensibiliser ses clients par le biais de dépliants glissés dans les pochettes de voyage. “Avoir des relations sexuelles avec un mineur conduit en prison”, prévient un film diffusé à bord des avions d’Air France. La Journée mondiale est aussi relayée en Afrique, avec des conférences au Cameroun, Sénégal, Togo, Niger et Burkina Faso. La “Coalition internationale pour un tourisme responsable et respectueux” regroupe désormais 277 associations dans 85 pays. |
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