[05/06/2007 13:03:32] LAGOS (AFP) Le groupe Pfizer a rejeté mardi tout manquement à l’éthique au lendemain du dépôt d’une plainte du Nigeria qui réclame 7 milliards de dollars au géant de l’industrie pharmaceutique, accusé d’avoir en 1996 testé des médicaments sur de jeunes Nigérians sans autorisation. Le groupe américain est accusé d’avoir profité, sous couvert d’une action humanitaire, d’une très grave épidémie de méningite et de rougeole – ayant fait des milliers de morts – pour tester la trovafloxacine dans le plus grand Etat du pays, Kano (nord), et ce sans l’accord des autorités locales. Les premières auditions ont été fixées au 26 juin. Le 20 mai, l’Etat de Kano lui-même avait déjà porté plainte contre Pfizer et réclamé 2,75 milliards de dollars pour avoir “secrètement utilisé des enfants comme cobayes (…) sous le prétexte de l’aide humanitaire”. Le procureur général de l’Etat, Aliyu Umar, avait demandé au tribunal de retenir 29 chefs d’accusation, notamment “comportement anti-éthique, comportement délictueux, complot, dissimulation et la mort de victimes innocentes”. Dans la plainte déposée lundi auprès de la Cour suprême fédérale, le gouvernement affirme que 11 des 200 enfants qui ont pris le médicament sont morts et que de nombreux autres souffrent de diverses affections (surdité, paralysie, troubles de la parole, lésions cérébrales, cécité). “Pfizer n’a jamais révélé qu’il avait eu l’intention de faire des expérimentations sur des victimes vulnérables ou de mener de quelconques essais cliniques, sans les approbations nécessaires des agences régulatrices du Nigéria, mais il a prétendu venir apporter une aide humanitaire”, lit-on dans la plainte. Fidèle à sa position depuis qu’il est dans le collimateur du Nigeria en 2000, Pfizer a rejeté mardi en bloc toutes les accusations: le groupe “réfute fermement toute allégation à de quelconques manquements à l’éthique”, assure que “la trovafloxacine a permis de sauver des vies” et affirme que les autorités locales étaient parfaitement au courant du test. Dans un communiqué, le géant américain précise qu’à l’époque les parents des jeunes patients avaient donné leur accord après une information dans les deux langues parlées dans la région, l’anglais et le haussa. “A cette époque, la trovafloxacine était en dernière phase de son développement clinique” et “avait été évaluée chez 5.000 patients”, poursuit Pfizer qui met en avant des “éléments scientifiques suggérant un rapport bénéfice/risque favorable dans le traitement de la méningite à méningocoque”. Quelques années après ces tests, en 1999, la Food and Drug Administration (FDA) américaine avait toutefois émis un avis public sur les “risques de toxicité” du trovan sur le foie et recommandé aux médecins la plus grande prudence. Mis en cause en mai 2006 dans la presse canadienne pour cette affaire, Pfizer avait déjà affirmé que l’étude clinique menée en 1996 à Kano n’avait pas “mis la santé de quelque patient que ce soit en danger” et que l’entreprise avait agi dans le meilleur intérêt des enfants ayant participé à l’étude”. Réagissant dans la presse locale à la plainte de l’Etat de Kano, la représentante régionale de Pfizer, Nogzi Edozien, a affirmé avoir “confiance dans la justice du Nigeria” et s’est déclarée certaine que le groupe sera lavé de tout soupçon. Des familles de “victimes” avaient déjà intenté des actions contre le groupe il y a quelques années à Kano et devant un tribunal new-yorkais mais leurs plaintes s’étaient enlisées dans des questions de procédures. |
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