La compagnie irlandaise à bas prix Ryanair s’attend à perdre de la vitesse

 
 
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Un avion de la compagnie à bas prix, Ryanair arrives à l’aéroport de Dublin, le 18 septembre 2006 (Photo : Adrian Dennis)

[05/06/2007 13:56:21] LONDRES (AFP) Après des profits record en 2006/07, Ryanair s’attend à perdre de la vitesse cette année, alors que la compagnie irlandaise à bas prix, comme ses concurrentes EasyJet et Air Berlin, doit vendre ses billets encore moins cher pour mieux remplir ses avions.

Le groupe, dont le bénéfice net a bondi de 42% sur l’exercice achevé fin mars, à 435,6 millions d’euros, pour 2,24 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 42,5 millions de passagers transportés, table sur une croissance de seulement 5% pour 2007/08. Surtout, il n’exclut pas une perte aux troisième et quatrième trimestres.

“Nous avons constaté des conditions de marché moins favorables. Tous les transporteurs font état de rendements et de taux de remplissage en baisse”, a déclaré Michael O’Leary, directeur général de Ryanair, lors d’une conférence de presse organisée à Londres.

“L’hiver 2007/08 pourrait être très difficile”, a-t-il prévenu, ajoutant qu’il n’y avait pour l’heure “aucune visibilité” sur les prix et l’activité.

Ces prévisions ont fait reculer le cours de l’action Ryanair, cotée à Dublin et à Londres : le titre abandonnait 6,24% à 5,03 euros à 12H40 GMT, valorisant l’entreprise à 7,8 milliards d’euros. Il a perdu 20% de sa valeur depuis avril, alors que le groupe a du mal à remplir ses Boeing.

Le taux de remplissage de ses appareils a reculé de 2% sur les deux derniers mois, comparé à un an plus tôt. Ryanair met en cause des taux d’intérêt plus élevés au Royaume-Uni, ainsi que le doublement de la taxe perçue par le Trésor britannique sur le transport aérien et de celle prélevée par l’aéroport de Stansted, le fief de la compagnie dans l’est de Londres.

“Les gens ont moins d’argent à dépenser et résistent davantage aux prix”, a souligné le directeur financier de la compagnie, Howard Miller.

Mais selon des analystes, le problème est général car les compagnies “low-cost”, qui ont considérablement accru leur flotte ces dernières années, pâtissent de la surcapacité du secteur. En avril, le taux de remplissage de la britannique easyJet a ainsi reculé de 3,3 points et celui de l’allemande Air Berlin de 2,9 points.

Face à cela, elles se sont lancées dans la guerre des prix. Ryanair a mis en vente en mai dix millions de billets d’avion à partir de 15 euros, taxes comprises. Au total, ses tarifs pourraient reculer de 5% cette année, après avoir progressé de 7% l’an dernier.

Le groupe s’est parallèlement engagé, si des clients trouvent un billet moins cher sur le même trajet avec une autre compagnie, à leur rembourser deux fois la différence de prix sur un aller-retour, dans une limite de 100 euros. EasyJet a également annoncé des baisses de prix cet été et offert une garantie de remboursement similaire.

Pour Michael O’Leary, cette bataille est une bonne nouvelle pour la clientèle, mais aussi pour Ryanair. “Il y aura moins de concurrents au final, comme cela a été le cas au terme de toutes les périodes de ralentissement du marché”, a-t-il dit.

Si le titre a été sanctionné en Bourse, les analystes ne se sont pas montrés très inquiets, en rappelant que la compagnie irlandaise a pour habitude de faire des prévisions très prudentes en début d’exercice, pour les réviser à la hausse par la suite.

Peter Caldwell, de Barclays, a souligné que la compagnie restait optimiste sur l’avenir, puisqu’elle a commandé la semaine dernière 27 avions supplémentaires. Michael O’Leary a de fait réaffirmé mardi que Ryanair comptait doubler sa flotte, son trafic et ses bénéfices d’ici 2012.

 05/06/2007 13:56:21 – © 2007 AFP