Airbus veut rationaliser ses activités européennes pour gagner en efficacité

 
 
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Site d’Airbus à Toulouse, le 27 février 2007 (Photo : Eric Cabanis)

[05/06/2007 18:40:53] TOULOUSE (AFP) L’avionneur européen Airbus, en pleine restructuration, a confirmé mardi aux syndicats une nouvelle organisation transversale de ses activités européennes, pour rompre avec une logique nationale et gagner en efficacité.

Lors d’une réunion du comité central européen d’Airbus à Toulouse, le président Louis Gallois a dit que les sites industriels du constructeur seraient placés sous l’autorité de quatre “pôles d’excellence” au lieu de huit, chargés de gérer des activités disséminées dans différents pays.

“Avant, les centres d’excellence correspondaient à un pays. Ils vont maintenant comprendre un management unique. L’idée est de travailler ensemble, en équipe”, a expliqué Marina Lensky, déléguée CFTC.

Ainsi, le pôle d’excellence anglais de Filton, responsable des ailes, chapeautera aussi les mâts réacteurs fabriqués à Toulouse, a précisé mardi Jean-François Knepper, élu FO (majoritaire) et vice-président du comité européen, qui a émis des réserves sur la répartition des tâches.

“L’Espagne aura le plan vertical arrière et le plan horizontal arrière (des avions, ndlr), l’Allemagne sera responsable de toute la cabine et du fuselage de l’avion, et la France sera responsable des établissements de production de tronçons d’avions”, a-t-il ajouté.

Alors qu’Airbus est décidé à ne plus se laisser miner par les rivalités entre pays, rendues responsables des déboires industrielles de l’A380 — Allemands et Français ne travaillaient pas sur le même logiciel –, ses filiales nationales devraient à l’inverse voir leurs prérogatives réduites à une peau de chagrin.

Autre rationalisation prévue: les approvisionnements, qui occupaient jusqu’ici des équipes au niveau national et central, seront centralisés, par souci de cohérence et d’économies.

La direction doit préciser ce volet du plan de restructuration mercredi lors de la réunion du comité central d’entreprise d’Airbus France, avant une négociation avec les syndicats allemands, en vue d’une mise en route à la rentrée.

Les mesures annoncées aux syndicats découlent de l’adoption du plan Power8 d’économie, qui prévoit notamment la suppression de 10.000 emplois sur 4 ans en Europe chez Airbus et ses sous-traitants, et 5 milliards d’euros d’économies de 2007 à 2010.

Côté syndicats, on dénonce une répartition “injuste” qui obéirait davantage à des impératifs politiques qu’industriels.

“La France se voit dotée d’un centre d’excellence qui s’appelle +aérostructure+: ce n’est ni plus ni moins que la fabrication des tronçons d’avions. Sur les six sites dont la France sera responsable, cinq sont à vendre, c’est plutôt injuste”, a regretté M. Knepper pour qui “la France est un peu laissée pour compte dans cette organisation” jugée “politique pour satisfaire tel ou tel pays”.

L’autre partie de la réunion a porté sur le “plan Zephir” qui concerne la vente partielle ou totale de six sites, que la direction entend boucler d’ici fin juillet.

Airbus prévoit de se séparer de trois de ses usines (Laupheim et Varel en Allemagne, Saint-Nazaire-Ville en France), et de trouver des partenaires pour trois autres sites: Méaulte en France, dans la Somme, Nordenham en Allemagne, et Filton en Grande-Bretagne.

“On affaiblit Airbus dans toute l’Europe en vendant des sites. En France, ils sont très productifs et on ne saura pas faire mieux et moins cher chez d’autres. En vendant, on va perdre compétence et savoir-faire”, a estimé M. Knepper, en déplorant “des perspectives de gains financiers à court terme qui vont affaiblir notre industrie”.

 05/06/2007 18:40:53 – © 2007 AFP