[06/06/2007 18:23:42] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne va continuer à durcir les conditions du crédit en zone euro après avoir porté mercredi son principal taux directeur à 4%, a laissé entendre son président, Jean-Claude Trichet, qui est resté volontairement vague sur le calendrier. “En ce qui concerne l’avenir, il convient d’agir à temps et fermement pour assurer la stabilité des prix à moyen terme”, a déclaré le banquier central à Francfort (ouest) lors de sa traditionnelle conférence de presse mensuelle. Le conseil des gouverneurs va “surveiller de près” les tensions inflationnistes en zone euro, a ajouté le Français, qui juge toujours la politique monétaire de la BCE “plutôt accommodante”, c’est-à-dire que le niveau des taux est suffisamment bas selon lui pour soutenir la croissance. Le conseil des gouverneurs de la BCE avait auparavant relevé pour la huitième fois en un an et demi le loyer de l’argent pour endiguer des risques inflationnistes liés, selon les gouverneurs, à la croissance robuste actuellement en zone euro. Les gardiens de l’euro ont augmenté le taux de refinancement minimum d’un quart de point pour le porter à 4%, au plus haut depuis septembre 2001. M. Trichet s’est inquiété notamment de la récente envolée des prix du pétrole, d’éventuelles hausses de salaires plus fortes que prévu, et de la progression toujours forte à ses yeux des crédits au secteur privé et de la masse monétaire, son indicateur d’inflation à moyen terme. Preuve de son inquiétude croissante sur les prix, la BCE a relevé parallèlement mercredi sa prévision d’inflation en zone euro cette année de 1,8% à 2%. Désormais, pour 2007 comme pour 2008, les projections de l’institut sont supérieures à son objectif d’une inflation “proche mais au-dessous de 2%”. Les perspectives de croissance restent en revanche toujours très positives pour cette année. La banque centrale a relevé sa prévision de croissance pour 2007 de 2,5% à 2,6%. Le président de la BCE a refusé mercredi de donner plus de précisions sur le calendrier. Questionné sur l’éventualité d’un nouveau tour de vis en septembre, que commencent à anticiper les marchés, le banquier central a refusé de commenter. Tout donne à penser que la BCE veut se laisser une marge de manoeuvre pour durcir les conditions du crédit avant une pause prolongée, résument les analystes. Le discours reste agressif sur l’inflation, note Jörg Krämer, analyste à la Commerzbank, mais le langage s’est légèrement adouci par rapport au mois dernier. M. Trichet n’a pas non plus qualifié le niveau des taux de “modéré”, comme il l’avait fait en mai, un glissement sémantique qui donne à penser que la BCE “veut se laisser de la marge pour agir à moyen terme”, note Alexis Garatti, analyste chez ixis-cib. Il faut dire que la fenêtre de tir de la banque centrale dépend largement des décisions que prendra la Réserve fédérale américaine dans les prochains mois. La banque centrale américaine va vraisemblablement baisser ses taux à moyen terme pour relancer la machine aux Etats-Unis. Et la BCE pourra alors difficilement continuer à relever le loyer de l’argent au risque de soutenir encore l’euro face au dollar. La monnaie unique européenne, soutenue par les taux comparativement plus élevés en zone euro, est déjà à un haut niveau face au billet vert. Une situation qui pèse sur les exportations de certains industriels européens, notamment en France. |
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