[07/06/2007 06:49:10] PARIS (AFP) Figure incontournable du monde des affaires français, Jean-Louis Beffa cèdera jeudi les rênes de Saint-Gobain, dont il a fait en 20 ans l’un des géants mondiaux des matériaux de construction en lui faisant aussi prendre le virage de la distribution. La passation de pouvoir entre M. Beffa, 65 ans, et son dauphin Pierre-André de Chalendar, 49 ans, directeur général délégué du groupe depuis 2005, aura lieu lors de l’assemblée générale des actionnaires. M. Beffa deviendra président du conseil d’administration tandis que M. de Chalendar, nouveau directeur général, sera le patron opérationnel du groupe. Directeur général depuis 1982 et PDG depuis février 1986, M. Beffa a multiplié le chiffre d’affaires du groupe par trois et le résultat d’exploitation par quatre. En annonçant des résultats en forte hausse pour 2006, avec un bénéfice net de plus de 1,6 milliard d’euros pour un chiffre d’affaires au-dessus des 40 milliards, Saint-Gobain s’est montré optimiste pour 2007. Relevant que le cours de Bourse avait été multiplié par 3,4 depuis 1996, soit une capitalisation boursière d’environ 30 milliards d’euros, M. Beffa a affirmé qu’on pouvait “mener des politiques de long terme en donnant satisfaction aux actionnaires”. M. Beffa laisse donc à son successeur un groupe profondément restructuré et en pleine expansion, avec des unités de production dans 54 pays, 208.000 salariés, dont 6.500 Polonais, 4.000 Tchèques, 3.500 Russes, 3.000 Indiens et 1.200 Chinois. Le métier historique de Saint-Gobain, dont l’acte de naissance remonte à 1655, est celui du verre. Il reste l’un des fleurons du groupe avec comme emblèmes la pyramide du Louvre à Paris ou le balcon qui surplombe le Grand canyon du Colorado. Si Saint-Gobain était encore une entreprise essentiellement verrière (60% des ventes) en 1995, le groupe est aujourd’hui centré sur les marchés de la construction (plus de 75% des ventes). Il est présent également sur le marché de l’isolation et de la céramique. Mais il s’est aussi résolument tourné vers la distribution avec le rachat en 1996 de Poliet, qui lui apporte les enseignes grand public que sont Point P, Lapeyre, K par K. Un pôle qu’il ne cesse de renforcer à coup d’acquisitions ciblées à travers toute l’Europe. C’est aujourd’hui le numéro 1 en Europe de la distribution de matériaux de construction et le numéro 1 mondial de la distribution de carrelage. M. Beffa a affirmé à plusieurs reprises qu’il voyait dans la distribution, déjà présente dans 24 pays, “un fantastique potentiel pour Saint-Gobain dans le futur”. Quant à une éventuelle OPA, qui fait l’objet de rumeurs récurrentes, elle est toujours une menace pour un groupe à l’actionnariat très éclaté, “mais ce serait une opération très chère”, veut-on se rassurer chez Saint-Gobain. Le groupe est aussi sous le coup de procédures engagées par la Commission européenne à l’encontre de plusieurs fabricants de verre plat, qu’elle soupçonne de cartel. Selon plusieurs analystes, Saint-Gobain pourrait pour cela avoir à passer une provision de l’ordre de 500 millions d’euros, plutôt que les 300 millions initialement envisagés. |
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