Débouté pour un contrat de radars, Thales porte plainte en Indonésie

 
 
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Le siège du groupe d’électronique de défense Thales (Photo : Pascal Pavani)

[07/06/2007 08:48:57] JAKARTA (AFP) Le groupe français Thales a déposé plainte en Indonésie, s’estimant injustement privé d’un marché de radars civils et mettant en garde contre une détérioration de la sécurité aérienne déjà défaillante du pays.

La société d’électronique spécialisée dans les secteurs de l’aérospatiale et de la défense était persuadée de gagner l’appel d’offres concernant quatre aéroports indonésiens, dont celui de Surabaya, deuxième ville du pays.

Thales affirme que son seul adversaire, une petite entreprise tchèque, ne remplissait même pas les conditions pour concourir. C’est pourtant cette société, Eldis, qui a remporté le contrat d’environ 11 millions de dollars.

Eldis a été choisie par Angkasa Pura, organisme public gérant les aéroports en Indonésie, archipel immense où l’avion joue un rôle capital.

Dans sa plainte, dont l’AFP a obtenu copie, Thales estime que “l’Indonésie ne peut mettre en jeu la sécurité de son trafic aérien en attribuant des contrats à des sociétés prêtes à tout pour conquérir des marchés”.

Les controverses sur les marchés publics sont courantes en Indonésie, nation gangrenée par la corruption.

Le groupe français ajoute qu’Eldis, entreprise fondée en 1991 basée à Pardubice (République tchèque), n’a ni l’envergure financière ni la compétence pour fournir les équipements.

Parmi les clauses du contrat figure la double installation à Surabaya d’un radar “primaire” (qui détecte les mouvements aériens) et d’un radar “secondaire” (qui organise la circulation des appareils civils).

Thales accuse Eldis de ne pas être parvenu à démontrer sa capacité à fournir un tel dispositif, en ayant présenté comme référence des réalisations incomplètes en Azerbaïdjan.

La sécurité aérienne est une question très sensible en Indonésie depuis une série de catastrophes incluant la disparition en janvier d’un Boeing transportant 102 personnes, finalement localisé après 24 jours de recherches.

La moitié des dix-neuf aéroports principaux ne sont pas aux normes internationales. Avec des radars âgés de plus de 25 ans, majoritairement vendus à l’époque par Thomson-CSF (aujourd’hui Thales), l’Indonésie peine à assurer un bon guidage de ses avions.

“Des radars ont besoin d’être modernisés, comme par exemple à Aceh (nord de Sumatra) où la couverture est très réduite, de l’ordre de 60 milles nautiques, d’autres doivent être remplacés”, a expliqué à l’AFP Hisar Pasaribu, expert de l’Institut technologique de Bandung (ITB). Il a affirmé ne pas connaître la société Eldis.

Le directeur du transport aérien civil a également admis n’avoir “jamais” entendu parler d’Eldis.

La plainte de Thales “est en cours d’étude”, a dit à l’AFP Budhi Muliawan Suyitno. Il a souligné que le choix du contractant relevait d’Angkasa Pura 1 (AP1), société d’Etat dépendant du ministère des Entreprises publiques (BUMN) et non de celui des Transports.

AP1 se défend d’avoir négligé la sécurité en choisissant l’offre d’Eldis, plus économique que celle de Thales.

“Nous avons respecté toutes les procédures et la loi en vigueur en Indonésie. Une équipe a évalué les aspects techniques et AP1 a aussi nommé des institutions indépendantes pour superviser”, a déclaré à l’AFP Halendra Waworuntu, porte-parole de la société publique.

Contacté par l’AFP, un responsable d’Eldis a affirmé que sa société disposait d’une capacité financière “suffisante” pour le projet.

Petr Bulis a ajouté qu’Eldis respectait “sans aucune exception” les conditions de sécurité et qu’elle avait déjà construit des radars civils couplés dans “plusieurs sites à l’étranger”.

 07/06/2007 08:48:57 – © 2007 AFP