[07/06/2007 19:01:03] PARIS (AFP) Le crédit d’impôt prévu pour encourager l’accession à la propriété devrait aider certains ménages à se lancer, mais il aura un impact assez limité et ne suffira pas à faire de la France “un pays de propriétaires”, estimaient jeudi les professionnels de l’immobilier. Les modalités prévues dans le projet sont en-deçà des espoirs des différents acteurs du marché du logement. Selon les estimations, il manquerait entre 800.000 et 1,5 million de logements en France. Avec les nouvelles dispositions, un couple sans enfant ayant emprunté 200.000 euros sur 20 ans à 4,30%, pourra déduire de ses impôts 7.453 euros en cinq ans, selon les calculs du courtier en prêts immobiliers Empruntis. Pour Marc Pietri, PDG de Constructa (promotion immobilière), interrogé par l’AFP, “on ne peut pas se plaindre d’une mesure qui va permettre de resolvabiliser une certain clientèle”. Toutefois, estime-t-il, “cette mesure n’est pas de nature à faire qu’en France nous serons un pays de propriétaires”. Selon lui, “il faut produire mieux et moins cher”, ce qui pose la question “du foncier et de l’aménagement du territoire”. Ce dispositif “va définitivement décider à acheter les ménages qui en ont la capacité et jusque-là hésitants”, analyse Michel Mouillart, professeur d’économie à Paris X Nanterre, qui évalue entre 20 et 25.000 le nombre de ménages dans ce cas et entre 800 et 850 millions d’euros par an le coût de cette mesure. “Tout ce qui aide à solvabiliser les futurs acquéreurs est une bonne mesure”, affirme pour sa part à l’AFP Alain Dinin, PDG de Nexity, premier promoteur de France. Mais, “ce n’est clairement pas avec ces mesures que l’on va résoudre le problème du logement qui est beaucoup plus complexe”. Ces mesures “ne vont pas faire une France de propriétaires”, ajoute-t-il, “je les attends sur le reste”. “En clair”, renchérit Henry Buzy-Cazaux, vice-président du promoteur Tagerim, “les annonces du gouvernement dont nous disposons aujourd’hui devront très vite être complétées par d’autres informations”. Mais surtout, tous s’inquiètent de l’avenir du prêt à taux zéro (PTZ), dont il n’est pas question dans le projet de loi. Toutefois, le Premier ministre François Fillon a précisé jeudi soir qu’il pourrait être cumulé avec le crédit d’impôt “pour les plus modestes”. C’est l'”élément fondamental de la primo-accession”, pour Marc Pietri (Constructa) et “réellement une aide à l’accès pour les ménages les plus modestes”, selon le professeur Michel Mouillart. C’est “la plus grande interrogation” de Henry Buzy-Cazaux. Le PTZ “a démontré son efficacité à déclencher des vocations d’accédants à la propriété”, affirme-t-il, en rappelant que “depuis sa création en 1995, ce sont 1,5 million de ménages qui ont acheté leur résidence principale grâce à ce levier”. Plus optimiste, Bernard Reynis, président du Conseil supérieur du notariat, note que “les cinq premières années de remboursement d’un emprunt sont les plus lourdes pour les familles qui s’endettent pour acheter leur logement”. “Si l’on ajoute à cela le fait que ce crédit d’impôt tiendra compte du nombre d’enfants à charge, ce sont ceux qui ont les charges les plus lourdes qui en bénéficieront”, ajoute-t-il. De même, pour la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC), les mesures “sont très favorables aux primo-accédants car elles bénéficieront même aux moins aisés puisque les foyers non imposables seront remboursés” avec un chèque du Trésor public. Quant à la Fédération nationale de l’Immobilier (FNAIM), elle se réjouit que la mesure concerne “tous les acquéreurs d’une résidence principale” sans être limitée aux “primo-accédants”, auquel cas la mesure n’aurait “concerné que deux acquéreurs sur cinq”. |
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