[08/06/2007 09:26:08] PARIS (AFP) Le déficit commercial de la France s’est creusé en avril par rapport à mars, à 2,833 milliards d’euros, un chiffre que les Douanes mettent sur le compte d’une forte hausse des achats d’hydrocarbures, mais que les économistes lient au déficit français de compétitivité. Le déficit avait atteint 1,467 milliard le mois précédent (chiffre révisé), ont indiqué les Douanes vendredi. Pour les 12 derniers mois, le déficit cumulé s’établit à -26,819 milliards d’euros. Alexander Law, du cabinet d’études sectorielles Xerfi, souligne que “cela fait désormais près de trois ans que l’économie française n’a pas enregistré le moindre surplus de sa balance commerciale” et s’attend à un solde “déficitaire de plus de 28 milliards d’euros” cette année, chiffre qui “devrait être amené à s’aggraver en 2008” selon lui. En avril, les exportations ont stagné à 33,335 milliards d’euros (contre 33,345 milliards en mars), tandis que les importations ont augmenté à 36,168 milliards d’euros (34,812 milliards en mars), en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. La hausse des importations de près de 1,4 milliard d’euros s’explique par “une très forte poussée des achats énergétiques (produits bruts et raffinés) qui fait suite à une perturbation des approvisionnements en mars”, selon les Douanes. Par secteurs géographiques, les importations augmentent donc fortement en provenance de pays comme la Russie, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, l’Iran ainsi que l’Algérie. La France s’est aussi approvisionnée en avions long et moyen courrier en provenance des Etats-Unis. La progression des achats industriels est plus mesurée, de même que celle des achats agricoles et agroalimentaires. Alexander Law ne réfute pas le rôle conjoncturel joué par l’énergie, mais estime qu'”un large déficit de la balance commerciale fait désormais partie du patrimoine génétique de l’économie française”. Côté exportations, les ventes de produits industriels et agroalimentaires “fléchissent légèrement, ce que compense une hausse des ventes de matériel militaire”, explique le communiqué des Douanes. Dans le secteur de l’industrie civile, le repli des ventes de biens intermédiaires, de produits de l’industrie automobile et d’équipements électroniques est compensé par “le haut niveau des grands contrats de la branche des transports”, notent les Douanes. En plus d’un paquebot, la France a en effet vendu en avril 27 Airbus pour un montant de 1,361 milliard d’euros contre 26 appareils en mars pour un montant de 1,457 milliard d’euros. Le paquebot a été livré au Panama, et 10 des 27 Airbus aux Etats-Unis. Mais pour Nicolas Bouzou, du cabinet d’études sectorielles Asterès, “ces sacro-saints grands contrats ne reflètent pas la compétitivité intrinsèque du tissu productif français”. Cet économiste s’alarme du fait qu'”en-dehors de la branche des équipements professionnels, qui inclut les matériels de transport, le solde se dégrade dans tous les autres secteurs: biens de consommation, automobiles et surtout biens intermédiaires, principal secteur industriel français”. “Au final”, note Alexander Law, “la question reste toujours de savoir comment, avec un déficit commercial aussi important, la France peut atteindre la croissance de 3% appelée de ses voeux par le Premier ministre”. |
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