[08/06/2007 13:11:09] PARIS (AFP) Mauvaises récoltes mondiales, sécheresse, poussée démographique, développement des biocarburants, hausse des prix de l’énergie: les Français vont devoir payer plus cher leurs produits alimentaires au cours des prochaines années, estiment les professionnels du secteur. La demande grandissante en produits agricoles (blé, maïs, betterave à sucre, canne à sucre, notamment), à la fois pour nourrir les populations dans le monde et satisfaire les besoins en biocarburants en France devrait se traduire, d’ici 2015, par une inflation de 3% à 5%, en plus des hausses conjoncturelles et structurelles, estime Alexandre Gohin, chargé de recherches à l’Institut national de la recherche agricole (INRA). “Tous les indicateurs sont au rouge car les coûts des matières premières ont augmenté de 3% à 10% depuis un an”, rappelle Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Par conséquent, explique M. Buisson, “une grande partie des industriels alimentaires vont être obligés de demander rapidement de fortes augmentations lors de leurs négociations avec les distributeurs”. Et, “les augmentations vont durer, car on entre dans un cycle long après une baisse des prix alimentaires de grande consommation de 2,5% en 3 ans”, commente-t-il. Du côté de la distribution, Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, reconnaît que “les enseignes sont prêtes à discuter” des hausses de prix. Mais il fait appel “à un maximum d’esprit de responsabilité” estimant que des hausses “mal expliquées” auront du mal à passer auprès des consommateurs, au moment où le gouvernement veut redonner du pouvoir d’achat aux Français. D’ores et déjà, le groupe LDC, premier sur le marché de la volaille avec les marques Loué et Le Gaulois, a annoncé pour juillet une augmentation de 4 à 5% des prix de ses produits, pour tenir compte de la hausse des prix des céréales, qui entrent pour 60% dans le prix de revient des volailles. Une flambée des céréales saluée par les agriculteurs: “cela fait du bien après des années de revenus catastrophiques”, se réjouit Philippe Pinta, président de l’Association générale des producteurs de blé qui évalue à près de 50% en deux ans la hausse du prix payé aux céréaliers. Autre augmentation en perspective, celle du prix du lait, prévient Olivier Picot, président de l’Association des transformateurs laitiers (Atla) qui réunit les industriels privés et les coopératives. “A la clé, une certaine pénurie de lait et donc de produits transformés face à une demande soutenue” explique Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Il juge “inéluctable” une répercussion des tensions actuelles sur le prix des produits de grande consommation, une situation “qui ne devrait pas s’inverser dans les mois qui viennent”, selon lui. “D’ici la fin de l’année” les prix devraient prendre 4%, estime Luc Morelon, directeur de la communication de Lactalis. Les produits de luxe sont aussi concernés, comme le champagne dont la production a atteint sa capacité maximale en raison des limites du territoire d’exploitation. Mais la demande en champagne dans le monde est telle que les grands groupes français devraient être amenés à augmenter leurs prix plus vite que l’inflation. |
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